mardi 30 décembre 2008

Tout finit par le Bop

L’année 2008 termine son existence comme elle peut. De l’avis général, elle est complètement crevée. Pour que son départ prenne un tour joyeux, gai et bondissant, ce qui ne saurait faire de mal, je propose l’écoute de cette adaptation d’un standard de Charlie Parker, Bloomdido (1953), par André Minvielle, et qui s'appelle "Mme Mimi". André Minvielle chante ici avec la compagnie Lubat, sur l’album Scatrap Jazzcogne, album systématiquement possédé par chaque honnête homme que j’ai rencontré…
Minvielle montre un bel exemple de sa virtuosité, de son sens de la musique autant que celui de la fantaisie. J’ai toujours ressenti une bien plus grande énergie dans le be-bop que dans le punk le plus violent ou le bon gros rock, genres lourds et lents qui n’aspirèrent jamais à la légèreté, il est vrai. Et pour ce qui est de la partie musicale de la chose, je laisse les oreilles se faire un avis… Minvielle montre aussi ce qu’on peut faire de sonore avec la langue française, enfin il propose une piste. Comparé à celui du rappeur standard (agressif, éructant et maniaco allitérant), le flow de Minvielle semble gorgé de jus musical comme une orange, et donne au mot « rythme » une allure soudain moins binaire.
Sur cette version, on trouve Bernard Lubat au clavier, le même Bernard Lubat qui fut l’élève (à la batterie) du grand Kenny Clarke, tout simplement l’un des fondateurs du be-bop, avec Parker et Gillespie. Tradition.
Lecteur curieux, comme je sais que tu voudras savoir si Minvielle dit réellement quelque chose dans son scat phrasé formule 1, je fournis donc les paroles avec...

Mme Mimi (Parker/Minvielle)

Œdipe moi donc, Madame Mimi
Mais comment, dites, comment vous faites
Pour que les syllabes collent sur les notes ?
Comment, mais comment vous faites ?
C’est chouette, hé ! dites-moi tout sec
Moi aussi j’ai envie de scatter sur un petit thème
Et de m’balader le bop et de m’balader le bop

Mais dites- moi donc, Madame Mimi
Mais comment, dites, comment vous faites
Pour que les syllabes collent sur les notes ?
Comment, mais comment vous faites ?
C’est chouette, hé ! dites-moi tout sec
Moi aussi j’ai envie de scatter sur un petit thème
Et de m’balader le bop et de m’balader le bop

Tout’ la nuit j’me suis creusé la tête pour trouver
Ces maudites paroles qui ne sonn’pas, pas, pas !
Pas du tout au tout du tout, quand tout à coup
Un éclair de génie, pas d’Eugénie, me fout droit
Hors du lit, planté dans mes chaussons. Du papier
Une plume pour immortaliser ces pensées !...
Oui ! C’est ça pas de concessions ! Laisse la plume agir
Et glisser sur le papier, sans trop penser c’est bon, bon !
Même si ce n’est pas folichon car l’important
C’est d’essayer de joindre bout à bout
Des mots qui sonnent et qui collent aux notes
Et c’est pas évident !



Pour ceux qui découvriront ce morceau, et qui l’apprécieront, je conseille quand même d’écouter une des versions d’origine, avec Parker à l’alto. En 1953, le be-bop est déjà une histoire un peu ancienne et Bloomdido illustre bien cette maturité du style.
Ultime conseil : le bop réclame un réglage très subtil du son de votre système d’écoute : tout à fond !


Découvrez Charlie Parker!

dimanche 21 décembre 2008

Vichy renoue avec les zeurléplusombres!

Attention, ce qui suit constitue une épreuve pour tous les Ignatius de France, tous les sensibles, tous ceux (et toutes celles) qui souffrent des attaques de la Laideur Grandiose et de l’Infinie Connerie. Par conséquent, si certains ne veulent pas subir une épreuve supplémentaire, qu’ils S’ABSTIENNENT D’ECOUTER CE FICHIER. Après, il sera trop tard !
Gilbert Collard n’est pas seulement un célèbre avocat mal coiffé, c’est aussi quelqu’un qui nourrissait le désir irrépressible de devenir maire de Vichy (oui, tu as bien lu, lecteur, il existe bien des perversions, dont celle-ci). Je dis irrépressible car pour oser faire ce qui suit, il fallait une nécessité absolue, un désir maniaque, un impératif catégorique !
Maestro ?
(les plus endurants d’entre vous, lecteurs, ceux qui écouteront toute la bande, auront la chance, peu avant la fin de l’écoute, d’entendre ce qui risque bien de devenir un moment d’anthologie qu’on se passera de site en site, jusqu’à la fin des temps…)


Merci à CL, honorable correspondant qui a su partager cette intense douleur.

vendredi 19 décembre 2008

Burn before reading

Fucking a...

Les frères Coen comptent parmi les plus épatants cinéastes de notre époque, tout le monde est d’accord là-dessus. Dans la douzaine de films qu’ils ont derrière eux, on ne trouve pas de mauvais film. Certains sont moins bons que d’autres, plusieurs sont des chefs d’œuvre, d’autres sont simplement de très bons films, dont le moins bon de tous serait encore capable de susciter enthousiasme délirant et poussée de chauvinisme s’il avait été pensé et pondu par un cinéaste de chez nous.
Des critiques ont traité par le mépris leur « Ladykillers », coupable probablement de n’être qu’une pure comédie (genre mineur, tout Molière en témoigne). Sous la plume d’un demeuré, j’ai même lu qu’ils avaient, à cette occasion, « touché le fond »… alors qu’on aurait probablement bombardé Chevalier de la Légion d’honneur en moins de trois jours le français capable de s’approcher de ce genre de fond-là. Pour tout dire, je les considère comme de très grands cinéastes, de très grands techniciens, parmi les meilleurs de notre époque, capables de finesse et d’intelligence en conservant une forme populaire, et j’attends toujours leur prochain film avec une impatience fébrile.
Qui se souvient d’Edwin Moses ? C’était un coureur de 400 mètres haies du début des années 80, le meilleur. Sa foulée était unique, surprenante, impériale : entre les haies, il était le seul homme au monde à pouvoir n’en faire que treize, et cet avantage lui permit d’être invaincu pendant près de dix ans. Pourtant, alors que je le pensais tout simplement invincible (j’étais bien jeune), que j’avais toute confiance en lui pour me fournir un modèle héroïque quasi éternel, il fut battu par un dégueulasse un jour de 1987. Il foira. C’est ce qui vient d’arriver aux frères Coen. Burn after reading est à la fois un film des frères Coen ET un film mauvais : en ce sens, il est unique.
L’histoire, on s’en fout. Elle repose sur un quiproquo, le truc le plus vieux et parmi les plus efficaces pour faire marrer les gens, elle n’est pas en cause. Il est totalement inutile de se casser le tronc à chercher une histoire originale ou complexe pour réussir un film : je rappelle que The big Lebowski raconte l’histoire d’un mec à qui on a simplement volé un tapis… Mais Burn after reading est dans une tout autre catégorie, celle des films drôles qui ne font rire personne. Le rythme est atrocement lent : pour une histoire à rebondissements, c’est louche. La mise en place de l’histoire n’en finit pas, on passe des quarts d’heure à enculer les mouches. Le spectateur bienveillant se dit chouette, ils sont en train de me fignoler une histoire de dingue, ils prennent un peu leur temps au début pour me surprendre ensuite, et là, alors, ça va chauffer, hou la la ! Mais le temps passe et rien n’arrive. On attend les répliques qui font mouche, les situations non seulement drôles, mais coeniquement drôles, avec ce style, cette précision, cette cruauté, ce coup d’œil des Coen, et surtout ce rythme habituellement parfait, qui ici est absent. L’humour, c’est de l’intelligence qui a le sens du rythme (©Beboper. Tous droits réservés pour tous pays, y compris le 9-3). C’est ce précieux dosage de retenue, de lenteur et d’accélération immédiate qui surprend, qui révèle ce qui n’apparaissait pas et arrache le rire en un instant, là, paf ! A l’écrit ou à l’oral, il s’agit toujours d’une surprise. Rien n’est plus foireux qu’un truc qu’on « voit venir », qu’on devine. Même si on peut parfois rire par anticipation, si on peut jubiler d’avance, le rire vient pour libérer la tension produite par le changement de rythme, par la surprise, il n’éclate qu’à l’acmée et, pour une fraction de seconde d’inattention, il est réduit à rien. Autour d’une bonne table où l’on parle, où l’on s’apostrophe joyeusement, on rencontre parfois des gens trop hésitants ou trop timides pour dire le mot qu’il faut à l’instant exact où il peut être furieusement drôle et qui s’humilient eux-mêmes en essayant de le placer malgré tout, malgré que le moment soit passé, à contre temps. Comme dans un solo de guitare, ce n’est pas ce qu’on dit qui est en jeu, c’est comment on le dit, sous quel rythme.
Les frangins Coen ont donc (provisoirement) perdu le sens du rythme. Ils ont étalé sur deux plombes une succession de scènes moyennes, sans relief, et ils endorment les salles. Ils ont perdu (provisoirement) ce génie de créer des personnages forts, des rôles d’anthologie - le coiffeur (Barber), la flic enceinte (Fargo), Walter Sobchak (Lebowski), et tant d’autres. Les acteurs eux-mêmes apparaissent tous très en dessous de leur niveau habituel (Brad Pitt n’est pas convaincant, pour la première fois peut-être ; Clooney est insignifiant, Malkovich pue l’esprit de sérieux, Frances Mc Dormand semble avoir été bridée). Certes, l’histoire peut être qualifié de loufoque, et je pressens qu’une foule de ballots vont la décrire comme ça, mais ça ne garantie pas du tout qu’on ne s’y emmerde pas considérablement. L’affaire Clearstream aussi, c’est loufoque, mais ça te fait rire, toi ?

Cagoule Pride Now!


Une belle brochette d'enculés

De l’avis de tous ceux qui me connaissent, je suis un garçon calme, posé, charmant. Jamais un mot plus haut qu’un autre, jamais de geste brusque, un bloc de savoir vivre enrobé de douceur. Même ma mère, qui est l’impartialité personnifiée, le confirmerait. Mais il arrive que les plus flegmatiques champions ne puissent retenir l’émotion, l’incontrôlable pulsion primaire qui mue l’honnête bourgeois en maquisard ou le placide chat de mémé en véritable bête fauve. C’est ce qui m’arrive en ce moment même, et je vous prie de croire que ce n’est pas pour un motif futile. La chose porte sur un mot : « encagoulé ». D’emblée, que ce mot soit laid comme un pou n’échappe à personne. C’est un mot qui insulte aussi bien celui qui le reçoit en pleine oreille que celui qui s’abaisse à le colporter. « Encagoulé » est censé désigner l’individu portant une cagoule mais semble plutôt indiquer que l’individu en question se l’enfonce dans le cul. C’est ce qui explique qu’entendre un journaliste parler « d’individus encagoulés » à sept heures du mat est insupportable.
L’affaire a commencé avec les Corses. Pour être précis, avec les Corses portant ordinairement des cagoules, ce qui ne fait pas une population bien nombreuse, quoi qu’on en pense. J’en ignore la raison, et les historiens du futur ne la découvriront peut-être jamais, mais il y eut un moment de bascule dans l’histoire de l’humanité, un avant et un après séparant la chronologie historique en deux fractions distinctes, celle où l’on disait « cagoulé », et celle où l’on dit « encagoulé ». Soudain, en effet, tous les journalistes francophones du globe se mirent à parler de hordes d’encagoulés corses tenant meeting, de commando encagoulé faisant main basse sur un coffre, de lascars encagoulés agressant des vieilles dames, etc. Le mouton et le journaliste partagent cette passion pour la meute, le geste commun et le bêlement synchrone, mais ils se distinguent au moins sur un point : le mouton sait d’expérience qu’un homme portant une cagoule est simplement dit cagoulé. Les Corses ayant quelques dispositions pour occuper périodiquement l’attention des médias, il y eut donc un temps où l’on se mit à ne plus parler que de gens "encagoulés", probablement dans un but de moquerie. Pourquoi pas ? Le rédacteur de billets encagouleurs en poste à Paris pouvait bien tenter de ridiculiser des gens armés de Kalachnikov dans un maquis perdu à l’autre bout du pays en grimant ce mot en galéjade pagnolesque : le courage ne manque jamais aux braves. Mais qui, faisant le premier cette farce langagière, aurait pu imaginer le succès de sa vanne, succès non seulement immédiat mais total, totalisant, totalifiant, entotalisé ? On ne trouve plus personne, en effet, pour résister à l’épidémie encagoulifère.
Il faudrait un athlète, ou un Ignatius opiniâtre, pour recenser tous les abus de langage de la junte journalistique, et ses impayables tics. Ce héros pourrait sûrement en dégager des enseignements sur la psychologie de ces sauveurs de démocratie en danger, ces rebelles à la censure, ces esprits forts et libres qui passent pourtant leur temps à s’engouffrer comme un seul homme dans la mode jargonnante et le gimmick branché de mes couilles, qui suivent les plus incontestables conneries dans la plus parfaite docilité. On se souvient de cet autre moment d’intense souffrance où trois cents fois par jour était répété sur les ondes le mot « marigot », après une initiative de Philippe Seguin, si ma mémoire est juste. Pourquoi Marigot ? Mystère. Et le fameux « grain à moudre », combien de silos de farine a-t-il généré ? et le funeste « détricotage », de quel connard sortait-il ? Et cette immonde « cour des grands », qui a régné sur les langues pendant plusieurs années, dans la plus inexplicable impunité ?
Pour le cas « encagoulé », c’est encore plus difficile à admettre. Si les journalistes à l’origine de l’affaire voulaient dire « enculés » à la place d’« encagoulé », et si les discours sur le l’audace journalistique ne sont pas de pure fiction, ils auraient dû oser le coup carrément. Les nervis corses savent sûrement apprécier le courage quand on le brandit fièrement… Au lieu de ça, ils ont trouvé ce pitoyable ersatz que d’immenses cons se refilent par paquets de douze à longueur de pages, au point qu’on se demande s’il existe encore un homme en France qui se souvienne du mot correct ! Profitant donc de l’audience mondiale de ce blog, je le proclame donc ici pour la première et dernière fois : tout connard employant le mot « encagoulé », même pour rire, doit être considéré comme un hors-la-loi, et doit immédiatement être balancé aux flics !

vendredi 12 décembre 2008

Betty tourne la page.



Betty Page, les hommes de cette planète te tirent un dernier coup de chapeau, et leurs mains droites te disent merci.

Betty Page, décédée à 85 ans ce 11 décembre 2008, chienne de vie.

jeudi 11 décembre 2008

La place des nazes

Santini: une tête bien pleine.

Il est de tradition, quand un fâcheux prétend que « c’était mieux avant », de rigoler de sa bêtise, et de son culot d’exister. Quiconque avance que quoi que ce soit ait pu être « mieux avant » passe immédiatement pour un vieux con, c’est une expérience que je ne tenterai donc pas (et si je dis : le cinéma muet c’était mieux avant, se trouvera-t-il encore un rebelle pour asséner que je radote, et que le muet d’aujourd’hui est bien plus silencieux que du temps de Pickford ? OK, je m’écrase.)
Depuis tout petit, j’entends dire que la culture générale est une des variables fondamentales pour distinguer le gentleman de la brute épaisse. Enfin, les sociologues et autres diplômés en sciences du langage ne le disent pas comme moi, naturellement, puisqu’ils sont cultivés. Tout le monde semble parfaitement d’accord pour estimer qu’on a trop donné d’importance relative aux mathématiques dans l’enseignement primaire et secondaire, et que le recul de l’enseignement du français est une erreur qu’on fait payer aux générations qui viennent. Il y a quelques années, on a même prétendu qu’entre deux personnes de bon niveau, également diplômées, la différence se faisait souvent grâce à la culture générale, celle qui, par les nombreux repères qu’elle met à disposition de celui qui la possède, permet de mieux apprécier certaines situations, de mieux s’adapter, d’avoir une vision plus ample, etc. Balivernes ! Tissus de mensonges ! La culture générale, c’est juste bon à créer de L’INEGALITE ! (brrr)
Cette Révélation est d’origine gouvernementale, c'est-à-dire que les conséquences sur notre dos ne vont pas tarder à se faire sentir. Deux EDMF (experts de mes fesses) ont torché un rapport vite fait au ministre, après que celui-ci leur a bien expliqué ce qu’il fallait qu’il comporte, et nous voilà partis pour faire baisser encore le niveau de culture générale dans les concours administratifs. C’est André Santini (secrétaire d’Etat aux fautes d’orthographe) qui en a après la culture générale, et on le comprend bien. Il s’est avisé que les concours administratifs donnaient une part trop grande à la culture générale, au détriment de… de quoi, au fait ? Oui, le problème est cornélien : des thésards en physique se présentent à des concours de catégorie C (niveau CAP/BEP) parce qu’ils ne trouvent rien d’autre et ont légèrement tendance à mieux y réussir que les titulaires de CAP ; le nombre des candidats aux différents concours est en augmentation permanente et la tendance, pour les départager, a été d’élever le niveau des questions. Fallait-il l’abaisser ? Peut-être : si on posait des questions vraiment débiles à une grosse tête, il serait aussi désavantagé qu’un con à qui tu demandes d’expliquer la dialectique hégélienne, logique ! En clair, il est prévisible qu’il faudra bientôt arrêter de lire trop de livres si on ne veut pas se retrouver tricard aux concours des PTT.
L'élite pour tous!

Par quoi remplacer les questions de culture générale ? J’ai une proposition : le bras de fer ! On verra bien si les bons élèves (abominables privilégiés) et les gens cultivés sauront se débrouiller entre les paluches aguerries d’un vigoureux cancre. On va rire. Evidemment, l’option « bras de fer » risque de défavoriser nos amies les femmes, qui ont droit au respect comme tout le monde, et qu’on ne voudrait surtout pas ostraciser. Mais le fait qu’elles soient généralement plus diplômées que les hommes indiquent qu’elles ont déjà dû prendre leur part du gâteau administratif, et qu’elles ne verront pas de mal à ce que les choses changent un peu. Du reste, il est parfaitement envisageable d’appliquer l’option « discrimination positive » à l’option « bras de fer » en organisant des concours réservés aux dames. Si ces deux options cumulées ne suffisaient pas à ce que TOUTES les parties de la population soient représentées dans l’Administration en proportion de leur poids dans la société (la ménagère télédépendante, par exemple), une « option télé » serait profitablement mise en place. Quelques questions bien senties sur Derrick, sur la Nouvelle Star ou sur les présentatrices de la météo, et on verra bien la tête qu’il fera, le je-sais-tout qui passe son temps à bouquiner des livres ousqu’y a pas d’images dedans !
Tout le monde a forcément eu affaire à un fonctionnaire un jour ou l’autre. Loin de l’idée de me moquer bêtement de l’Administration, on a quand même du mal à croire que le recrutement s’y fasse sous la loi de l’élitisme le plus absolutiste ! Hé bien c’est encore trop pour monsieur Santini… A la France de « l’élite », il veut substituer la France des têtes de nœud. Comme dit ma boulangère, c'est un choix.
Mais halte à la raillerie ! Il est parfaitement logique, cohérent, normal, honnête ! que la France cherche à fournir des débouchés aux recalés de l’école, aux clampins du fond de la classe qui en savent long sur le dernier gel capillaire des jeunes, le portable de sa race qui tue et le salaire de Thierry Henri : on n’a pas lésiné sur les moyens du décervelage : maintenant, il faut assumer.

lundi 8 décembre 2008

Bientôt, les Marianiches fiscales !


Philippe Mariani: une autre Bourse est possible!

En France, on connaissait les anarchistes appointés par l’Etat, les intermittents de la révolte inscrits aux caisses d’assurance, on avait des révolutionnaires fonctionnarisés, des rebelles sous statut et des combattants clandestins défilant contre les violences policières. Dans cette aire de jeux qu’est devenue la France, il manquait la catégorie des ultra libéraux garantis par l’Etat : c’est en train de se faire.
Un certain Philippe Mariani, député UMP de l’Oise, propose un amendement au projet de budget 2009 : permettre aux gens qui ont perdu du fric à la Bourse de déduire leurs pertes (dans la limite de 10 700 euros) de leur revenu imposable. Non seulement le boursicoteur est à l’origine, par son action et son existence mêmes, de la crise qui nous plombe, mais il faudrait que l’Etat lui fasse cadeau d’une partie de ses impôts, au motif que cette fois-ci, il a perdu du blé dans l’opération ! Les tenants de l’esprit d’entreprise, de l’entreprenariat conquérant, de l’audace, de la conquête-de-nouveaux-marchés, du courage-merde ! sont désormais sensibles à la sécurité dispensée par l’Etat, dans ce qu’il a de plus représentatif de sa Mansuétude : les exonérations fiscales. On aura tout vu ! Le mot « précaution », mot intrinsèquement sympathique, qui supposait encore la prise en compte individuelle des risques et des avantages, qui ne signifiait pas du tout l’annihilation des risques ou de l’incertitude mais bien leur connaissance, maintenant associé à celui de « principe » est devenu cette bouffonnerie, cet engluant mensonge prostitué à tous ceux qui ont bien compris que d’autres pouvaient toujours payer à leur place, en toutes circonstances. Le principe de précaution est donc en passe d’étendre sa maternelle protection aux fers de lance de l’économie virtuelle financiarisée. Pourquoi s’en priveraient-ils, d’ailleurs, dans cette époque qui pond de l’oxymore comme d’autres accouchaient de révolutions : en avant pour le risque sûr, la conquête donnée, l’aventure pépère ! En route pour le Principe de Certitude ! « Vous avez de l’argent ? devenez gagnant-gagnant ! »
Philippe Mariani est un imbécile dans l’exacte mesure où il croit que nous le sommes aussi. Il prétend que cette mesure n’a pas été chiffrée, mais qu’il ne s’agit pas « d’une très grosse mesure ». Il a passé du temps au ministère du budget pour faire passer sa pilule mais voudrait nous faire croire qu’on décide d’une déduction fiscale, surtout en ce moment, surtout après ses propres prévisions catastrophiques, sans en connaître la portée. Ben voyons… Je n’ai rien contre les classes moyennes, ni contre les gens qui ont mis du pèze de côté et tentent de le faire fructifier. La Bourse existe, on peut y investir son pognon librement, en gagner ou en perdre, comme au casino, et il existe déjà des moyens de limiter les risques (Sicav, par exemple)… en limitant aussi les chances de gagner beaucoup, pardi. Mais on sait ce que sont les recettes fiscales de l’Etat : quand on en perd d’un côté, on se débrouille pour en récupérer ailleurs. Ce cadeau aux boursicoteurs sera payé par d’autres, tous ces cons qui ne perdent pas leur pognon en vendant au mauvais moment, ou ces plus cons encore, les handicapés du niveau de vie, les tarés du Revenu, tout juste capables de ne pas crever de faim, les salariés qu’on va foutre dehors bientôt et qui n’osent pas exiger un principe de précaution taillé à leur mesure.
J’ai la douleur de conclure que Michel Audiard s’est trompé : les cons, ça n’ose pas tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.

vendredi 5 décembre 2008

"La porte dans la gueule"

La scène se passe il y a des millénaires, au milieu des années 70. Du grand banditisme, de l’action, des coups de feu, du rififi à Pantruche… Jacques Mesrine et ses complices s’évadent de la rate où ils s’ennuyaient ferme et débaroulent sur la voie publique, flingues en pognes ! Ils arrêtent un père de famille passant là en bagnole et, sous la menace de leurs brélicas, lui étouffent sa chiotte ! Ouch !
Quelques instants après, la presse tend un micro sous le tarbouif du gonze, encore chaud de sa rencontre avec la Mort. C’est là ousque j’voulais en venir.
Petite illustration d’un parler populaire savoureux, d’une façon d’illustrer les choses qui n’était donc pas uniquement réservée à Michel Audiard. Ce type vient de se faire braqueman par Mesrine en cavale urgente, et voyez un peu cette tenue, cette classe, ce total dédain pour les cellules de soutien psychologique, dont on comprend qu’elles n’existaient pas à l’époque : c’était avant l’Age des Larmes.
On regrette de ne pas avoir l’ensemble de l’interview...

jeudi 4 décembre 2008

Eric Zemmour n'existe pas !


Cet individu n'est pas scientifique!

Malgré l’incertitude qui caractérise toutes les opinions humaines, il est possible de penser qu’Eric Zemmour est un con. La part de vrai contenue dans cette affirmation est probablement forte, mais pas totale : comme chacun de nous, Eric Zemmour est plus ou moins con.
Quand il forme le projet de prendre le contre-pied des tartineurs de bons sentiments médiatiques (que leur fréquentation permet la plupart du temps de classer dans la catégorie des faux culs), il a raison. Quand il aspire à se battre contre les icônes du Bien, quand il veut débusquer la sottise conformiste planquée sous les discours convenus, le plus souvent rebelloïdes d’ailleurs, il a raison. Mais ça ne le met pas à l’abri de la connerie. Comme lorsqu’il s’est frité avec Augustin Legrand (pourquoi pas) en s’en prenant aux SDF eux-mêmes. Il était peut-être excédé que la France entière fasse une statue de saint laïc à Legrand (jalousie ? envie ?), ou que ce dernier passe pour moralisateur (et lui, ne l’est-il pas ?), mais il s’est trompé de cible. Les gens qui dorment dans la rue ne le font pas pour poser au rebelle, ni parce que c’est cool. Ils sont dans la merde et, à part quelques punks à chiens englués dans le romantisme antisocial, ils aspirent à en sortir. Les mépriser parce que Legrand les défend, c’est un peu comme si on s’attaquait aux femmes battues au simple prétexte qu’elles sont défendues, représentées voire « sanctifiées » par un type qu’on n’aime pas. C’est con.
En ce moment, Zemmour est emmerdé par une affaire de vocabulaire. Qui a dit que les Français ne s’intéressaient plus à leur langue ? Quel est cet autiste ? Le mot en question, on le devine, est le mot « race ». L’existence de Zemmour, son opinion sur la chose et ce qu’il en dit ne change rien à la question de savoir si oui ou non il y a des races humaines. Comme toute chose, si les races humaines existent dans les faits, il suffit d’en démontrer l’existence. Or il est facile de démontrer qu’il existe des êtres humains noirs, d’autres jaunes, d’autres blancs, etc. mais il est beaucoup plus compliqué de se satisfaire du mot « race » pour les regrouper. Pourquoi ? J’essplique.
Tout le monde sait ce qu’est un phénotype (mais je précise quand même) : ce sont les caractères morphologiques et anatomiques d’un individu, en gros, c’est l’apparence de quelqu’un. Quand on dit qu’un mec est noir ou blanc, on n’a rien fait d’autre que constater son phénotype. Mais des Noirs et des Blancs, il en existe beaucoup de variétés : quoi de commun entre James Brown et Naomi Campbell, entre Hulk Hogan et Gandhi ? Dur à dire. La chose qui peut paraître la plus formidable, devant ce débat passionné où l’on veut convoquer les Tribunaux, le Droit et le Cachot, c’est qu’on s’acharne à se crêper le chignon sur une broutille. Une broutille, oui. Quand on dit « race noire » ou « race blanche », on ne fait, après tout, que désigner la couleur de la peau, c'est-à-dire ce qui se voit d’emblée, même si on est nul en maths, même si on ne sait pas lire, même si on est aux Jeunesses UMP! Quel intérêt en retire-t-on ? S’il y avait encore une seule personne pour prétendre que les « races » sont inégales entre elles, ou plus précisément qu’appartenir à l’une d’entre elles déterminerait non seulement un phénotype mais aussi des comportements, des aptitudes morales ou intellectuelles, des compétences, un psychisme, etc. l’usage du mot « race » serait justifié. Mais puisque personne, ni Zemmour ni un autre, ne vient jamais prétendre ça dans le débat public, puisque tout le monde convient que les différences s’arrêtent au phénotype, c'est-à-dire à l’apparence, au physique et qu’on ne peut rien déduire d’elle au sujet du potentiel intellectuel d’un individu, pourquoi se cabrer autour de ce mot ? Je précise que cette remarque devrait valoir autant pour les fanas du mot « race », que pour ses adversaires. Si le mot ne désigne rien d’autre que l’apparence (et bien imparfaitement, d’ailleurs), il perd à la fois son intérêt (en effet, pourquoi l’apparence serait-elle un critère plus important qu’un autre ?) et son potentiel scandaleux (puisqu’en parlant d’apparence, on ne déduit rien des capacités et qualités de l’individu désigné, on ne le situe pas dans une hypothétique hiérarchie).
On se cabre sur des mots. Personne, dans ce genre de débat affligeant, n’est à l’abri de ce qu’il reproche à l’adversaire. Quand on reproche à Zemmour d’utiliser un concept n’ayant aucun fondement scientifique, qui n’est pas précis, on oublie qu’on a soi-même salué la victoire d’Obama quelques semaines avant, l’élection d’un « Noir » à la Maison Blanche : pas plus précis. Le mot « race » n’est pas précis, il n’est pas scientifique, et d’ailleurs à l’exception de quelques connards exclus du débat public en France, personne ne prétend qu’il l’est. Quand on parle d’une passion, et l’attachement à la « race » (ou parfois son refus) en est une, il est donc important de faire le tri entre les arguments solides et les galéjades. Le mot « race » n’a aucune base scientifique, OK. Mais « je t’aime » non plus, ne repose sur rien de scientifique. « J’ai la tête dans l’cul », « je suis à la bourre », « la flexibilité du droit du travail est un bien », « ami », « peuple » ou « une baguette pas trop cuite s’il vous plait » sont des expressions dont on use quotidiennement SANS QU’ELLES AIENT LE MOINDRE FONDEMENT SCIENTIFIQUE. En fait, n’en déplaise aux adversaires du mot, personne ne prétend à une quelconque scientificité. En face de Zemmour, nous avons même des gens qui arrivent à exiger que le mot « race » ne soit pas prononcé : puisque les races n’existent pas, il ne faut pas en parler. Ça paraît logique, mais on pourrait objecter que l’humanité parle sans cesse de dieu alors qu’il n’existe pas plus. Faut-il interdire qu’on l’évoque ? On parle également de « l’amour » alors que c’est un des concepts les plus imprécis qui soient. On évoque volontiers « l’amitié entre les peuples » dans le flou poétique le plus total, et ça ne gêne personne, etc. Il semble donc clair que dans ce domaine passionnel, la raison et le bon sens aient été massivement écartés du rang des méthodes valables.
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots », dit Jean Jaurès en son temps. T’avais raison, Jeannot, et il semble bien qu’on soit ici devant un cas d’école ! Traumatisés à la seule évocation du mot « races », certains en arrivent non seulement à soutenir qu’elles n’existent pas au sens strict mais aussi qu’il n’y a pas de Noirs, de Blancs, de Jaunes. Comme Sartre prétendit que le Juif n’est juif que dans l’œil de celui qui le définit comme Juif, on serait blanc ou noir uniquement selon l’opinion qu’on se fait de vous… Je vous laisse méditer là-dessus. Partant de là, il ne resterait plus qu’à bannir totalement le mot « race » pour que mécaniquement, disparaisse le racisme… riche idée ! (j’ai moi-même essayé de pas prononcer le mot « taxe d’habitation » depuis trois jours : rien à faire, cette garce est toujours là, impayée, menaçante, sur ma table, rappelant les heures les plus sombres de mon portefeuille). Il est évident que quiconque croit à ce simpliste passe-passe quitte instantanément le monde des humains pour s’installer dans celui, plus peuplé, des grosses têtes de nœuds. Mais il faut parler aux têtes de nœuds, même aux grosses. Il faut leur dire que si le mot « race » était universellement remplacé par le mot « phénotype », par exemple, nous assisterions à un développement du phénotypisme, et ça ne changerait rien. A quand une dénonciation des ravages de la mélaninophobie ? Si on arrêtait de prononcer son nom, Eric Zemmour disparaîtrait-il? Croire et soutenir de facto que le racisme n’existe que par amour d’un mot devrait vous interdire l’accès aux émissions de télé, même celles du plus bas niveau.
Pourquoi Zemmour est-il un con ? Parce qu’il préfère provoquer d’autres cons en utilisant des mots-clés dans un rapport frontal plutôt qu’essayer de les amener à reconnaître que tout ça n’a pas beaucoup de sens. Ce metteur de pieds dans le plat tend progressivement à ne plus rien faire d’autre que scandaliser les bien-pensants (qui ne sont pas automatiquement dans l'erreur parce bien-pensants) : exercice limité, petit plaisir fugace qui l’entraîne souvent à avancer des propositions ridicules. C’est dommage parce que, tout con qu’il soit, il n’est pas bête… Et j’espère qu’on aura tous compris que Zemmour n’est pas, loin s’en faut, le seul con dans cette affaire.
En somme, il apparaît bien que le mot « race » répond à un désir de classification (j’écarte de ma conclusion les authentiques racistes, dont Zemmour n’est pas, ceux qui pensent qu’il y a une hiérarchie et qu’ils en occupent le haut) mais qu’il ne classifie rien de bien précis, ni de bien utile.

lundi 1 décembre 2008

Une vive lenteur...

Encore un clip amusant de Michel Gondry. Il vient de sortir, c'est pour "Soleil du soir", de ce bon Dick Annegarn. (mais comment qu'il a fééééé ?!!!)

dimanche 30 novembre 2008

Du sur mesure pour Copé

Jean-François Coppé se démène comme un pou pour faire adopter la loi scélérate sur le travail dominical. Lors de l'émission Dimanche soir politique, (I.télé, Le Monde et France Inter), il a osé déclarer :"ma responsabilité c'est que cet engagement de campagne présidentielle soit adopté par notre majorité. Non qu'il soit adopté de manière militaire mais de manière consensuelle et, j'ose le mot, conviviale". Oui, lecteur abasourdi, tu as bien lu. Devant l'opposition de quelques pelés (dont moi) mais aussi de députés UMP, les pirates sociaux du gouvernement mettent de l'eau dans leur vins, quitte à rendre cette loi presque anodine (exclure les grandes surfaces commerciales du bénéfice de la loi, par exemple). C'est le signe de ce qu'ils cherchent en réalité: mettre le pied dans la porte du code du travail, comme ils le font depuis vingt piges, avec les résultats mirifiques qu’on peut admirer. Une fois le repos dominical déchu de son statut de règle pour tous, on pourra dire adieu à ce qui faisait le rythme de nos vies depuis seize siècles ! Merde !
A tous les passifs et à tous les partisans de ce brigandage, je ne poserai qu’une seule question : si l’abandon du repos dominical pour tous est la solution pour nous sortir de la mouise, croyez-vous que, depuis la fin de l’Empire Romain, le premier être humain à voir clair à ce sujet puisse être Jean-François Copé ?

Jean-François COPE : la vraie dimension d'un homme d'Etat!

lundi 24 novembre 2008

Le PS réinvente la démocratie. Si!


Quand on tient presque instinctivement les militants de toutes sortes en grand mépris, ou quand ce mépris est étayé par une fréquentation et une connaissance bien concrètes, il y a une jubilation précieuse à les voir se comporter au grand jour selon leur propre nature, c'est-à-dire EXACTEMENT A L’INVERSE DE LEURS HABITUELS BONIMENTS.
Les militants politiques sont, chacun le constate, parfaitement infréquentables. Il suffit d’en inviter deux à une soirée merguez pour les voir transformer l’innocente sauterie en une joute plombante, en combat pour la paix dans le monde, fût-ce au prix d’un pugilat ! Car c’est une constante facile à vérifier : les militants du droit à la vie sont prêts à tuer pour le défendre, ceux qui veulent abolir la violence exigent les plus lourdes peines contre les méchants, d’autres aiment tant les ours et la nature qu’ils n’hésitent pas à déporter artificiellement de paisibles plantigrades au milieu de notre réseau routier, certains s’enrichissent en prônant à la fois la générosité et l’entraide, des défenseurs du « droit à la différence » interdisent le tchador, des féministes battent leur femme, des militants pour la paix réclament des interventions armées ici ou là, et la liste des paradoxes qu’ils nous servent serait infinie. Le militant, version laïque du croyant, préfèrera toujours sa cause à la vérité, surtout quand la vérité semble lui dire merde. Et son caractère réellement original, ce qui n’appartient qu’à lui dans le règne humain, c’est sa capacité supérieure à s’accommoder de tout ça en toute bonne conscience.
A longueur d’années, n’avons–nous pas entendu que le parti socialiste défendait la démocratie (que personne n’attaque par ailleurs), qu’il luttait pour la justice, pour la tolérance, pour le droit, l’équitation ou l équité, la dignité des femmes, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, pour la moralité politique et d’une manière générale qu’il se levait contre tout ce que les méchants adorent ? Et le parti socialiste, bordel, c’est aussi des militants ! Des femmezédézoms qui combattent quotidiennement pour défendre ces valeurs de progrès, amen. Et que voit-on ? Ces démocrates auto klaxonnés qui bourrent des urnes, comme de vulgaires chefs de clan corses, ces grenouilles de vertu qui falsifient les décomptes, qui empêchent leurs adversaires de surveiller les votes, qui font voter les défunts etc. Qu’on ne s’y trompe pas : leurs magouilles ne signifient pas qu’ils souhaiteraient qu’on abolisse les élections. Non ! Ce sont des démocrates, ils sont convaincus des bienfaits du vote libre, mais plus encore convaincus d’avoir raison contre la majorité, quelle qu’elle soit. Pour leur image de soi, les militants ont besoin de cette mascarade pluralisto démocratico libre, qui les distinguent utilement des partis stalinoïdes. En revanche, ils veulent bien être démocrates mais gueuleraient comme des putois si un vote leur était contraire. Le grand problème de la démocratie, en effet, c’est quand les cons qui pensent pas comme nous se mettent à voter.
Si le militant politique est facilement enclin à voir la paille du curé tripoteur d’élèves, par exemple, il remarque rarement la poutre de la tricherie au vote démocratique qui lui enfle pourtant le bénouze à la face du monde. L’un fait vœu de chasteté et n’est pas capable de l’assumer ; l’autre fulmine contre les injustices et ne sait pas faire autre chose quand son intérêt est en jeu. La seule différence qui donne encore une sorte d’ « avantage » au curé, c’est qu’une fois pris la main dans la culotte d’un autre, il ferme sa gueule et ne la ramène plus. Le militant, si, toujours. Il est fait comme ça.
Le problème n’est pas qu’il y ait plusieurs « tendances » dans tel ou tel parti politique. Il n’est pas non plus que telle ou telle personne nourrisse des ambitions très personnelles et se batte pour elles. Mais que des militants donneurs de leçons à longueur de temps (et des responsables au plus haut niveau) se fassent prendre la main dans la boîte à sucre, c’est non seulement drôle, c’est nos seulement édifiant, mais c’est presque trop beau.

dimanche 16 novembre 2008

Pharcyde + Jonze

Beaucoup moins viril que le gangsta rap, mais bon, à vous de juger...
("Drop", tiré de Labcabincalifornia (1996) , de Pharcyde). Réalisé par Spike Jonze.

mardi 11 novembre 2008

Front kick de Dieu!

Tous unis sous la bannière du Christ, camarades ! Grosse fiesta à la Basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem ! Venez nombreux et costumés !



Post scrotum : la tradition de non violence et d’oecuménisme n’est pas NOUVELLE en chrétienté…

René Girard sur France Culture


Je signale une participation de René Girard à l’émission « Tout arrive » aujourd’hui même, une émission en partie consacrée à son travail, avec l’évocation de plusieurs ouvrages sortis en 2008. Sera présent également Jean-Michel Oughourlian, girardiste convaincu, pour la parution de « Genèse du désir », qui traite entre autres de la découverte des neurones miroirs, argument scientifique à l’appui de la thèse du désir mimétique. A écouter ou à télécharger.

lundi 3 novembre 2008

La liberté si j'veux!

Les TI.G. pourront être effectués sous forme de pendaison,
sur la base du volontariat.

La France est gouvernée depuis quelque temps par des laxistes. Des anges laxistes. La permissivité n’a jamais été aussi forte que depuis que la droite est à l’Elysée. J’essplique.
Pour faire entrer dans la tête des gens que travailler le dimanche est un bien, on nous a servi l’argument du volontariat : les gens QUI LE SOUHAITENT pourront travailler le dimanche ! Aussitôt, des légions de néo libérés se disent qu’ils gagnent quelque chose dans l’opération : une liberté de plus, la liberté de choisir entre travailler pendant que les autres ne foutent rien, ou ne rien foutre soi-même. Youpi !
Aujourd’hui, on nous ressort la même option : les travailleurs qui ne seront pas encore morts à 65 ans pourront CHOISIR de travailler jusqu’à 70 ans s’ils le souhaitent. Le volontariat, encore et toujours. La France de Sarkozy, c’est « tu fais comme tu veux ! » En bon soixante huitard, il applique le « il est interdit d’interdire », de comique mémoire. Les temps anciens ont connu le joug de la Loi (bouh !) qui, tenez-vous bien, s’appliquait à tous de la même façon ! la France a vécu sous cette dictature-là pendant trop longtemps, sous les règles contraignantes et patriarcales, rigides et autoritaires, arc-boutée sur des positions d’un autre âge ! C’en est bien fini !
J’aimerais savoir s’il y a un salopard parmi les lecteurs pour se déclarer ennemi de la liberté. Qui s’y risque ? Allons, qui voudrait qu’on supprime la liberté de travailler malgré l’arthrose ? Malgré la parkinson ? J’attends les staliniens… personne ? Bon.
Pour faire passer les mesures les plus antisociales, il est entendu qu’un minimum de ruse est nécessaire. Dans un pays qui fut révolutionnaire – il y a certes des millénaires de cela -, personne ne se risquerait à y aller trop fort sans précaution. La liberté, du moins cette version-là, sert justement à ça. Désormais, quand on voudra vider une loi protectrice de toute substance, on lui opposera simplement la liberté de ne pas l’appliquer ! Si le Pèzident ne reste pas dans l’Histoire pour ça, c’est à désespérer de la piraterie !
Désormais, donc, l’âge de la retraite sera de 65 pour ceux qui veulent, dimanche sera un jour de repos pour ceux qui ont envie de buller seulement, l’âge de la majorité sexuelle sera de 15 ans sauf pour ceux qui voudront se faire enculer dès l’âge de 12 ans, l’égalité entre les hommes et les femmes sera absolue pour ceux qui y trouvent de l’intérêt, l’instruction des enfants sera obligatoire mais on pourra s’en dispenser si on déteste les intellectuels, le SMIC sera un salaire minimum mais ceux qui le veulent pourront – sur volontariat et en en faisant la demande écrite- être payés moins. Quant aux gens qui n’ont jamais d’accident de voitures, ils pourront se dispenser de s’arrêter aux feux rouges.

samedi 1 novembre 2008

Bref éloge de Donald Fagen


Découvrez Donald Fagen!


Donald Fagen est un des plus beaux musiciens du monde. Dans la catégorie de ceux qui bâtissent leur œuvre en se fichant de la mode, de la comédie de la scène et de la célébrité, de l’engagement militant (et pour un type de sa génération, c’est rare) et du show business, il est une référence.
Il a commencé très tôt, à la fin des années 60, et a rapidement monté Steely Dan, avec son pote Walter Becker, mais je vous raconterai ça une autre fois. Au fil d’une évolution vers toujours plus de fluidité, de précision et de pureté stylistique, il a pondu sous son nom trois albums en 25 ans. Vu la densité des albums en question, on peut aller jusqu’à dire que c’est beaucoup.
Le premier, The nightfly, 1982, est un monument que tout honnête homme doit posséder. Les morceaux sont d’un niveau général tout à fait extraordinaire, avec des sommets comme Maxine, New frontier, The goodbye look… et tous les autres morceaux de l’album ! Comme avec Steely dan, il embaucha les meilleurs musiciens pour donner forme à sa musique (Jeff Porcaro, Larry Carlton, les frères Brecker, Marcus Miller, Steve Khan, entre autres) et les fit chier à la limite du supportable pour obtenir d’eux le boulot et le son qu’il voulait. Il est comme ça Donald, et c’est connu parmi les zicos de haut niveau. Même si le son de la batterie sonne parfois un peu « années 80 », The nightfly est un concentré des mélodies ciselées à la gouge, des arrangements méticuleux (les chœurs !) et d’une musique harmoniquement riche, même sophistiquée mais qui sonne assez simple. Sans même parler des textes, bourrés d’humour et d'absurdités, qu’il vaut mieux explorer avec un Ricain cultivé sous le bras…
Après 11 ans de silence, et l’arrêt (temporaire) de Steely Dan, il ressort un album en 1993 : Kamakiriad, l’album de l’âge mûr, comme il le définit lui-même, après avoir exploré l’époque de l’adolescence avec The nightly. Une kamakiriade, pourrait-on dire, c’est une virée à bord de la Kamakiri, la voiture du futur, dream-car avec jardin hydroponique et guidage satellitaire. L’album raconte donc les aventures du héros qui voyage à bord de sa bagnole high-tech, voyant le monde du futur (proche) en proposant des chansons toujours aussi parfaites. Fagen a utilisé les années 70 pour peaufiner son style, avec Walter Becker, et en dispose maintenant tout à fait. Sa recette tourne autour du jazz, pilier autour auquel il a su mélanger le rock, la pop et le funk (ou le groove en général) comme personne. C’est un album qui explore l’an 2000 qui pointe à l’horizon, d’une manière ludique et fantaisiste.
Son dernier album solo est sorti en 2006 : Morph the cat. Un putain d’album. C’est selon lui le troisième volet de sa trilogie perso, le volet traitant de la fin, de la mort. Mais attention, c’est pas un musicien français : pas de pathos ! Son album se situe bien dans une période post-11 septembre, mais il aborde les choses par allusions, avec finesse et jamais frontalement, aussi bien dans ses textes complexes que dans la perfection du groove. Si sa musique est dense, ses arrangements surtout, chaque instrument est toujours parfaitement à l’aise pour s’exprimer, tout est rangé comme dans une horloge, personne ne vient foutre le bintz sur la fréquence d’un autre, et tout est toujours limpide.
Fagen, pour qui rien de bien intéressant ne s’est fait dans la musique populaire depuis l’apparition du reggae, n’hésite pas à se foutre du boulot des groovers à la machine, samplers à la chaîne qui croient avoir trouvé le Grand Secret quand ils ont déniché une boucle qui a déjà servi. En gros, les rappeurs et autres resuceurs de R’n B ne l’ont pas convaincu, notamment quand il s’agit de groover.
Certains pourraient avoir le réflexe de classer le travail de Fagen dans la catégorie fusion, ce qui est faux. Le genre fusion intègre très rarement des chansons. C’est une musique instrumentale, une musique de gros musiciens, écoutée la plupart du temps par des musiciens. La place que la technique pure y occupe est infiniment plus grande que dans l’œuvre de Fagen, et celle de l’humour, de la finesse, de la légèreté y est au contraire étrangement faible. Mais c’est probablement parce qu’il a bossé avec des grands musiciens de jazz, donc souvent de fusion, que cette confusion a pu se faire. En fait, si on voulait résumer son travail, on pourrait dire qu’il est un musicien qui ne s’est pas satisfait du rock, ni du funk, et qui les a intégré dans un univers harmonique plus riche, celui du jazz, empruntant un feeling au rythm’n blues, au gospel et au blues. En cela, c’est un musicien de fusion. N’oublions pas non plus que, chose devenue rarissime dans le jazz, il écrit des chansons, et même d'exceptionnelles chansons.
Un des points forts qui le définissent bien, c’est la qualité du son. A l’écoute, on est souvent surpris d’apprendre que tel ou tel morceau est vieux de trente ans. C’est son travail en commun avec Walter Becker, autre intégriste, qui a rendu ça possible, et qui a beaucoup fait pour sa réputation. En dessin, ce serait l’équivalent de la ligne claire : précision, clarté, équilibre, élégance. Il faut dire aussi que ce son « parfait » en énerve quelques uns, dont les oreilles blessées par le rock n’acceptent plus que du « ça déchire sa mère ». Et la subtilité des arrangements de Fagen traverse parfois des oreilles sans que le propriétaire de la paire en question ne remarque rien… il faut parfois du temps pour l’apprécier, pour piger la beauté de l’édifice (c’en est un, je l’affirme). Une musique pour musiciens ? non, une musique très technique, qui plait malgré ça.

mercredi 29 octobre 2008

Obamanes de tous pays, vos gueules!


Le funk ne sera plus comme avant, c'est sûr!

Avec la vigueur d’un ouragan floridien, la tendance pro Obama déferle sur la France. Il faut bien reconnaître qu’elle ne repose sur rien de très sûr, de très précis ni solide. Mais après tout, si on se résout à vivre sous un régime d’élections, si on pense qu’il est le pis-aller le moins douloureux, on ne peut pas penser que seule la rationalité y aura un rôle.
Quand on vote pour quelqu’un, un être de chair, il y a forcément de la chair qui s’exprime. On choisit un candidat pour ses idées, son programme ET sa capacité à parler (qui n’est garante de rien du tout), son charme, son charisme, son allure et sa façon d’être en général, ou ce qu’il en montre. C’est bête, mais c’est humain. Tant qu’on ne fait pas voter des machines, on aura droit à ça. Dans une joute électorale, un débat quelconque, seuls les très grands imbéciles prétendent qu’il faut lutter contre les idées et non contre ceux qui les portent. Dans l’élection américaine, c’est encore plus vrai : on élit un homme, un père de famille, quelqu’un qui se donne un mal fou pour faire croire qu’il ressemble aux électeurs. Il ne fait pas ça pour rien : ce sont eux qui votent ! Il n’y a donc pas forcément d’absurdité à aimer Obama ou Mc Cain pour ce qu’ils sont, pour l’image qu’ils représentent plutôt que pour les pseudo idées qu’ils portent, et qui d’ailleurs se ressemblent putamment.

On voit donc chez nous des bobos qui aiment Obama, des prolos qui aiment Obama, des vieux, des jeunes, des blancs, des noirs, des intellos, des demeurés, des gauchistes et des droitards, des journalistes, des chauffeurs de bus et des fétichistes du pied qui, pour des raisons souvent irrationnelles, aiment Obama. OK. La question qui me vient à l’esprit n’est pas « pourquoi ? », mais « comment pourrait-on aimer Mc Cain ? ». Dans ce match à deux (plus deux coéquipiers), on est forcément amené à choisir l’un contre l’autre. Qui défend Mc Cain ? Et comment défendrait-on d’ici un type qui aspire à entériner et continuer la politique de George W, qui appartient au même parti ? C’est un peu comme si, après douze années de chiraquisme, les Français n’avaient pas eu envie de sanctionner la droite… heu… ok : mauvais exemple.

Il était écrit qu’un jour ou l’autre, un candidat non blanc 100% pur laine se présente à une élection majeure dans un grand pays. C’est le genre d’événement que redoutent les racistes, et qui ravit les racialistes. En revanche, quand on a intégré l’idée de nation et ses conséquences, quand on a poussé assez loin la considération de l’individu au-delà de sa couleur de peau et des déterminismes sociaux qui s’y attachent souvent, on prend l’état métis d’Obama pour ce qu’il est : un détail. Mais voilà : la plupart des gens ne pensent pas comme ça. La plupart même pensent et agissent en fonction du contraire. Pour la France entière en effet, la chose à retenir d’Obama, celle qui pousse les gens vers lui, c’est sa couleur de peau. On en est là.

Quand un Antillais se félicite qu’Obama soit arrivé où il est, il s’identifie en tant que métis au succès du mec. C’est évidemment un guignol et on peut parier que rien dans sa vie ne changera du fait de l’existence d’Obama. Mais si cet événement contribue à lui donner une meilleure image de lui-même, s’il permet qu’il cesse de se voir comme un ancien esclave victime du monde méchant des blancs, autant s’en féliciter. En effet, que pourront donc bien dire les beaux esprits du « racisme des Américains » si Obama est élu à la présidence ? Pourra-t-on continuer de clamer qu’au centre de tout acte occidental, il y a du racisme ? Rien que pour dire enfin un gros merde à ces gens, il faut souhaiter qu’Obama soit élu.

Les racistes et les racialistes partagent au moins un caractère : ils ne se réclament jamais ouvertement de leur opinions et parfois, ils en sont les dupes. Les racistes s’estiment supérieurs et, à ce titre, prônent la séparation, la pureté. Les racialistes, eux, se disent non racistes mais persistent à ne voir le monde qu’à travers le prisme ethnique : dans Obama, ils voient un noir, dans un prévenu pour vol, il ne voient pas un voleur mais la couleur d’un voleur, dans un député français, il voient un député français blanc, dans un présentateur de journal bidon à la télé, ils voient un Antillais, etc. Bien qu’ils s’en défendent, l’idée de race est la préoccupation principale des racialistes. Oh, on peut les comprendre : expliquer l’état des choses par une formule simplette est tentant, et on peut admettre que certains, épuisés intellectuellement devant la complexité du monde, en viennent à penser que tout vient d’un facteur unique : la méchanceté des blancs. Ils sont mignons tout plein.

Un black, un fils d'immigré: trop cool le changement, cousin!

Evidemment, l’élection d’Obama ne changera rien au monde, pas plus que les quatre années de fonction de Secrétaire d’Etat de Condoleeza Rice n’ont changé la façon de faire des Etats-Unis. Au moment de sa nomination au poste, elle lâchait cette stupéfiante boutade devant le Sénat américain « Et, troisièmement, nous allons répandre la liberté et la démocratie à travers le monde ». Avec le recul, les obsédés de la couleur de peau ont dû être vachement déçus… Un peu comme, avant eux, les fans de Colin Powell, persuadés qu’un noir, fût-il américain, ne bombarderait jamais une population civile (fût-elle irakienne) aussi froidement qu’un blanc… Bande de cons ! Obama président ne va pas se mettre à passer les intérêts des USA au second plan pour plaire aux revanchards frustrés qui peuplent le monde (et surtout Internet). Il ne va pas démanteler l’armée américaine et la CIA pour satisfaire les complotistes. S’il est élu, espérons qu’il fera une autre politique que celle de Bush, ce sera déjà bien joli.

Non, le plus étrange dans ce concert d’âneries, c’est probablement cette exposition de ressentiments de toutes parts, traduits par autant de naïvetés. A moins d’être totalement bouché (et cette hypothèse n’est jamais à exclure), comment peut-on penser un instant que la couleur (noire) ou le sexe (féminin) d’un responsable politique en fera magiquement un représentant des victimes du monde, des damnés de la terre, des noirs ou des femmes? On a oublié Thatcher ou quoi ? On a oublié Bokassa ? Le sort des Arabes de France est-il meilleur depuis l’arrivée de Dati à la Justice? Avec un peu de recul, on s’aperçoit que la chanson est toujours la même : les médias relayent (et animent) un engouement pour une nouvelle personnalité politique en fonction de son « exotisme » (ho ! un noir ! oh ! une femme ! oh ! un jeune ! formidable !) et donnent l’impression que les choses vont changer à cause de ça. Puis la réalité reprend ses droits, les femmes politiques se montrent aussi nuisibles que les hommes, les noirs aussi fourbes que les blancs, et on attend le prochain scoop comme si de rien n’était.

lundi 13 octobre 2008

Un week-end chez Shopi

Il y a un peu moins d’un an, on parlait déjà de la belle enculerie qui consiste à vouloir faire bosser les gens le dimanche. A l’époque, une équipe de penseurs ministériels avaient prétendu qu’en dehors de l’activité consistant à gagner son maigre salaire, le Français n’avait rien d’autre de bien intéressant à faire et qu’il devait donc pouvoir y passer sept jours par semaine. Cette idée est de nouveau d’actualité. Le gouvernement a attendu que les effets de sa politique se fassent sentir sur le pouvoir d’achat (c'est-à-dire qu’il ait bigrement chuté) pour envisager l’équation simple suivante : tu veux de la thune ? Bosse le dimanche ! Il est certainement utile de préciser que cette mesure ne s’appliquerait qu’à ceux qui ont « besoin » de travailler le dimanche : les fauchés. En effet, la règle générale de celui qui gagne bien sa vie, c’est d’utiliser le week-end, et particulièrement le dimanche pour se tremper dans sa piscine en compagnie de ses enfants, de ses amis (car quand tu as une piscine, tu as beaucoup d’amis !).

Cette fois encore, le gouvernement lâche les arguments les plus spécieux pour convaincre les Français pauvres qu’ils ont « intérêt » à s’y mettre. Mais on a beau étudier la chose, il n’existe qu’UN SEUL argument en faveur de l’ouverture des magasins le dimanche, décliné sous diverses variantes, et il est de nature économique. Soit on nous promet de nous donner le double d’un salaire courant, soit on nous dit que ça relancera l’activité, soit que ça fera reculer le chômage. De l’économique, point final. Et de l’économique pas très solide, tout le monde en conviendra. L’idée d’avoir un jour commun où l’on ne travaille pas, où les esclaves se retrouvent pour faire autre chose que suer ou dépensuer (« dépenser dans la gêne»), où le rythme de la vie se détend, où le bruit du périph s’amenuise, un jour qui soit un rendez-vous commun à tous et qui symbolise l’existence de la simple vie en dehors de l’activité salariée, simple vie banale comme du repos pris ensemble, comme une balade dans un parc ou un tour en vélo, cette idée-là est trop insupportable aux tristes requins et aux imbéciles. C'est vrai qu'entre les services Carrefour, les produits Auchan et les conseils culinaires Shopi, on a vraiment de quoi combler son week-end.

Politique de civilisation

Il faut aussi rappeler que pas mal de gens bossent déjà le dimanche, par dérogation au droit du travail. Le dimanche, on peut aller se faire poser des points de suture à l’hosto parce qu’on a glissé du plongeoir, on peut bien entendu acheter son pain ici ou là, ou son journal, on peut conduire son camion frigorifique sur les routes chargées de glandeurs et, quand on bosse dans l’industrie, on peut se faire ses huit heures sous certaines conditions. Bon. Mais la grande question, celle qui occupe les ministres et le Pèzident, c’est celle de l’ouverture des magasins. Quand ils évoquent le travail du dimanche, il faut comprendre avant tout l’ouverture des boutiques. Il ne s’agit pas de permettre l’ouverture des centrales EDF, elles ne ferment jamais, il s’agit d’autoriser les philanthropes de la grande distribution à ouvrir en permanence pour que ce cochon de citoyen puisse y dépenser tous les jours. Il s’agit d’achever de transformer la vie des gens en une longue file d’attente aux caisses de l’hypermarché. Inciter le pékin à passer du temps dans la laideur d’une galerie marchande en dit long sur la vision du monde des dirigeants politiques, mais insister pour qu’il y passe aussi ses dimanches, c’est le signe d’un mépris qui ne s’était jamais vu. Il n’y a peut-être pas de mesure plus antisociale que celle qui fera définitivement graviter la vie des gens autour du boulot et de la dépense, les deux faces les plus laides de l’aliénation moderne.

Femme avec caddie. Duane Hanson 1969.

Par un hasard extraordinaire, un sondage publié dans le JDD révèle à point nommé que les Français seraient favorables au travail le dimanche, alors que le même JDD annonçait l'inverse il y a dix mois à peine ! Rien ne remplacera jamais une bonne propagande de presse… Nous avons même un petit numéro de clown parfaitement au point, et que le Pèzident lui-même utilise ad nauseam sous l’œil des plus patentés lécheurs de cul. J’ai parfaitement conscience de proposer une épreuve douloureuse au lecteur, mais je crois qu’il faut voir et entendre ça pour se rendre compte de la bassesse des vues. Du courage !


On peut tirer une leçon générale de ce laïus populiste : quand on laisse ouvrir une partie des magasins le dimanche, il ne faut pas attendre autre chose de l’avenir que l’ouverture généralisée de tous les magasins ! Aujourd’hui, le VRP Luc Chatel cherche à amadouer les benêts en défendant le volontariat et la majoration salariale pour justifier le travail dominical. Mais dans quelque temps, si on laisse faire ça, on pourra s’asseoir à la fois sur la majoration salariale et sur le volontariat. On bossera le dimanche comme les autres jours, aux mêmes conditions, puisqu’on nous aura convaincus que le dimanche est un jour « pas plus long que les autres »… Et on trouvera toujours un président de la République quelconque pour caricaturer une situation et faire rigoler les demeurés.

Les turbinophiles ont toujours le mot « choix » à la bouche et on les comprend : quand vous vous adressez à des gens qui n’ont jamais aucun choix à faire, parce que trop coincés, trop pauvres, trop baisés par la vie, il est bon de leur faire miroiter ce bien rarissime, le choix. Ainsi, ils auraient enfin un choix à leur disposition ? Alléluia ! Ha, bien sûr, il ne s’agit que du choix d’aller bosser pendant que d’autres ne bossent pas : après tout, pauvre, n’ayant que ta force de travail, tu as le choix de l’utiliser ou pas…

Le travail le dimanche peut se justifier par la nécessité, par le caractère naturellement imprévisible des services à rendre (un hôpital, par exemple, ou un commissariat). Toute l’activité humaine n’est pas dans ce cas, loin de là. Il est évident que si AUCUN magasin n’était ouvert le 24 décembre, par exemple, la population se débrouillerait pour faire ses achats AVANT. Exactement comme chacun de nous se débrouille chaque jour pour acheter son pain avant que le boulanger ne ferme sa boutique ! Va-t-on demander l’ouverture PERPETUELLE des boulangeries parce que trois cons ne sont pas assez organisés pour y passer avant 20H ? En fait, on cherche à augmenter le temps d’ouverture au public pour augmenter mécaniquement les recettes. Mais alors, pourquoi ne pas ouvrir la nuit? Pourquoi ne pas laisser Carrefour ouvert continuellement 365 jours par ans, puisqu’il est si important de pouvoir faire ses putains d’achats en toutes circonstances? Pourquoi ne pas exiger des coiffeurs qu’ils soient au turf à quatre heures du mat? Quand un ministre a besoin de se faire raccourcir la mèche, comment fait-il, je vous l’demande?

Quand je circule en voiture le long des plus lamentables périphériques, je suis toujours effrayé à l’idée que des gens habitent ces immeubles dégueulasses, que des vies se déroulent là, au dessus du flux routier, dans le bruit et la misère esthétique la plus complète. Des gens qu’on a parqués ici et qui s’en contentent, faute de pouvoir faire autre chose. Mais on voit aussi que des maisons neuves viennent décorer les bords d’autoroutes, des lotissements complets qui, telles des mouches sur un étron fumant, s’agglomèrent au cul des bahuts. Des gens achètent ce type de maisons et la vie qui va avec. Ils sont volontaires pour ça. Devenir propriétaires doit leur paraître plus important qu’un détail comme 40 000 véhicules par jour sous les fenêtres. Ils ont eu le choix, et l’ont fait. Nul doute que parmi eux, on trouvera de nombreux volontaires pour bosser le dimanche ou faire ses courses, ce qui revient au même.

vendredi 3 octobre 2008

Statistiques: les femmes battues à plates coutures.

Otto Dix: Le massacre des innocents. Litho 1960.

Les violences conjugales sont un sujet qui revient dans l’actualité assez régulièrement, et assez régulièrement, on constate un manque de clarté et de précision dans les chiffres qui sont annoncés, et qui paraissent chaque fois énormes. En ce moment, une campagne de pub tente de convaincre les femmes victimes de violences, ou les personnes qui en seraient témoins, de réagir. Très bien. Mais nous avons un flou dans les chiffres qui laisse penser qu’on ne prend pas la chose avec tout le sérieux nécessaire. Dans LIBE , nous avons un article relatant cette campagne gouvernementale, et annonçant des chiffres troublants, « Hors ménage, ce sont 260.000 femmes qui ont été victimes de violences sexuelles en 2005 ou 2006, dont 130.000 d'un viol ». 130 000 viols par an (2005 OU 2006, le ou suggérant une constante des chiffres sur ces deux années), ça fait 356 viols par jour en France ! Ça paraît beaucoup, ça paraît énorme… Juste avant, l’article nous dit « En 2005 ou 2006, en France, 65.000 femmes et fillettes ont été mutilées ou menacées de l'être » (je ne sais pas si tu es comme moi, lecteur sensible, mais je ressens toujours un malaise à l’évocation du mot « mutilé ». Ça me semble le comble de la saloperie). Mais ces 65 000 femmes ou fillettes ont-elles été mutilées ou menacées de l’être ? La différence entre les deux choses est tellement considérable que le chiffre, considérable lui aussi, ne signifie ici plus rien. Menacer quelqu’un de lui « couper les couilles si j’t’attrape » n’est quand même pas la même chose que le faire réellement, non ? Et d’ailleurs, la simple « menace » et l’acte lui-même ne seraient pas punis de la même peine devant la justice, ce qui confirme qu’il y a une différence entre dire et faire. CQFD. Le journaliste qui écrit ça est donc un gros feignant.

A cet article curieux fait suite une INTERVIEW de Françoise Brié, de la Fédération nationale solidarité femmes, spécialiste de la question. Elle annonce que 10% des femmes sont battues par leur conjoint. Bon. Mais quand on passe au FIGARO, les chiffres changent ! Ici, on parle de 3,3% (trois fois moins, une paille !) et on précise même que « Une fois sur deux, c'est le conjoint qui est l'auteur des violences envers la femme à l'intérieur du ménage. », ce qui signifie que les violences dites « conjugales » tomberaient à la moitié de 3,3%... Sur ce sujet, je n’ai regardé que ces deux journaux, mais je propose au lecteur qui voudrait s’amuser d’un sujet dramatique d’essayer de trouver des chiffres concordants en consultant d’autres journaux… Avec de la persévérance, ça doit être possible.

Tous les « spécialistes » insistent sur ce fait : bien des victimes ne disent pas de ce qui leur est arrivé et ne portent pas plainte. Entre les victimes qui n’en parlent pas et les journalistes qui en parlent n’importe comment… Alors, on pourrait se demander si TOUS les sujets d’actualité sont traités de la même dilettante manière, ou si celui-ci est particulièrement maltraité. Dans le second cas, ça pourrait indiquer que les journalistes se foutent pas mal de la réalité, qu’ils ne vérifient pas ce que disent les « spécialistes », ou que les chiffres sont fantaisistes. En tous cas, il reste à espérer que les gens censés se mobiliser à l’évocation de ce problème n’auront pas un sens critique trop aiguisé…

mardi 30 septembre 2008

Un Oscar pour Ségolène!

Que le Spectacle commence!

Une société ne pouvait pas s’engouffrer dans le culte de l’image au point que nous connaissons sans produire un effet sur la politique elle-même. Quand des techniciens à catogan passent des semaines à peaufiner le look d’un aspirateur ou l’ambre d’une biscotte, on peut comprendre que les politiciens aussi soignent leur image. OK. Qu’ils le fassent avec cet affligeant conformisme et le redoutable mauvais goût que chacun constate est une autre histoire, mais nous ne pouvons pas espérer y échapper. A moins d’avoir les yeux totalement bouchés, on ne peut pas NE PAS se souvenir de Ségolène Royal des années 90 : grassouillette, laide, sans grâce, les dents de traviole. A l’époque, en revanche, elle n’apparaissait pas particulièrement débile, ni particulièrement brillante d’ailleurs : un ministre comme on en trouve à peu près partout, qui parle de ce qu’il fait semblant de connaître. Or nous avons aujourd’hui une diva au sourire florentin racontant à peu près n’importe quoi sur tout. On voit donc qu’elle a fait des efforts considérables dans le domaine qu’elle estime capital : le look. En quinze ans, elle a gagné en beauté plastique ce qu’elle a perdu du peu d’intérêt que ses mots pouvaient avoir pour les moins exigeants d’entre nous. Elle a sciemment changé en fonction de ce qu’elle croit que le Français attend. Elle n’a peut-être pas tort…

Le show de Ségolène Royal au Zénith met mal à l’aise pour deux raisons principales : parce qu’elle s’y montre d’une maladresse inouïe en tant qu’actrice (« on a honte pour elle » dit-on partout), mais surtout parce qu’on la voit enfin décidé à faire ce qu’il faut pour gagner : un spectacle. On le sait désormais, elle va mettre le paquet. C'est un pas de géant qui vient d'être franchi dans la starisation des élites politiques, là, sous notre blair. Qu’elle se présente au Zénith en nuisette pourrait surprendre : autant s’y habituer, cette tenue annonce clairement que l’intimité de la star sera servie à tous les repas. Qu’elle soit élue un jour, et les mises en scène pipolisées de Sarkozy nous paraîtront timorées en comparaison. Nous sommes là au seuil de son loft personnel, la loft story qui montre tout de Ségolène ! Nous l’avons vue en tunique flottante, nous la verrons en short, prenant négligemment son thé en culotte, sortant de son bain couverte seulement d’une serviette enroulée, la lumière éclatant sur les perles d’eau parsemant les épaules, nous la verrons peut-être au lit, éteignant dans un geste plein de douceur la lumière après la prière du soir…

Ségolène Royal: la chirurgie au service de la France.

Ce qu’elle dit ne mérite sûrement pas une analyse très fine : pour la finesse, qu’elle commence d’abord. Mais un simple coup d’oreilles suffit à confirmer qu’au contraire de ses cheveux, désormais bouclés, rien n’a changé dans le « message » royalien. Elle fait une longue litanie de ce qu’on reconnaît comme des mœurs politiques banales : pressions, menaces, trahisons, combats, oppositions, luttes, etc, pour prendre à témoin son public de faux jetons : voyez ce qu’ils m’ont fait ! Mais que veut-elle dire au juste, que les gens ne sont pas gentils avec elle ? Que le peuple, comme un seul homme, ne s’est pas levé pour lui donner les clés du pouvoir malgré ses adorables pommettes ? Que la politique est un dur métier ? Qu’elle est la seule à ne pas céder à ses règles ? Qu’elle n’a jamais fait acte d’autorité envers un détracteur, fût-il de son camp ? On a du mal à imaginer un candidat à la présidence d’une nation nucléarisée venir se plaindre publiquement qu’il fait un boulot difficile. S’il n’a pas les épaules, qu’il aille se faire foutre ! Et qu’il le fasse avant d’être élu, de préférence !

Rien n’a changé dans le discours ? Presque : soudain, elle demande « à quand les interdictions de délocaliser, de licencier… ? » (05: 53 sur la vidéo, allez-y voir) et là, c’est comme si le temps et l’espace se confondaient pour ouvrir autre chose, une ère comique et burlesque où plus rien n’aurait d’importance, où plus rien n’aurait de sens, un temps éternellement adolescent où chaque parole pourrait être dite au moment où le caprice le souhaite, sans qu’aucun rapport avec la réalité ne soit recherché. La parole spontanée, libérée enfin des contraintes du sens, de la logique, de la cohérence et de la vraisemblance. Par ces mots, que le show entier renforce, Ségolène Royal entre enfin dans la récente mais active tradition des responsables politiques français qui surent dépasser les anciennes règles du discours, surannées comme un vœu, démodées comme un serment. Du Chirac guevariste de 2002 au Sarkozy interventionniste d’aujourd’hui, en passant par le Raffarin compassionnel des années de plombs, elle n’est pas la première à se foutre des mots, à rigoler des concepts, à se torcher des conséquences, à dire l’inverse de ce qu’elle fait (ou fera) ni à chier dans la colle. Dans une même journée, dans le même instant, elle nous apparaît donc sexuée à mort ET divaguant totalement, elle se montre décidée à faire ce qui est sa profonde vocation, son unique projet : séduire. Il est incontestablement plus facile de séduire quand on s’est fait RETOUCHER LA BIDOCHE que quand on ressemble à un pneumatique hard discount, et quand on dit des choses magnifiques plutôt que la simple vérité. Le geste à la place du verbe, la beauté à la place de la stature, le sourire à la place du regard, la décontraction maladroite à la place du charisme.

Le meilleur candidat pour la France!

Sa gestuelle ferait honte à une élève de quatrième jouant dans un théâtre amateur le samedi après midi. On lui a conseillé de montrer son corps, de face, de ne plus poser derrière un pupitre censé représenter la barrière d’avec le peuple, de parcourir le plateau (« prendre la scène ») de long en large et de bouger les bras. Et de sourire, naturellement, mais la pauvre ne peut de toutes façons plus rien faire d’autre depuis sa dernière chirurgie plastique en date. C’est manifeste, elle fait une catastrophe de ces conseils-là. Les lèche-culs dont elle s’entoure lui passeront peut-être la main dans le dos en la félicitant, mais le reste de la France éveillée voit bien qu’en tirant un acteur sous-payé d’une série télé médiocre, pire : d’une série française ! on aurait fait cinquante fois mieux qu’elle. C’est d’ailleurs ce qui nous attend, en toute logique : les années qui viennent verront probablement apparaître sur la scène politique des candidats recrutés pour leur aptitude à parler (tout de même), à se comporter face aux médias et surtout pour leur plastique avantageuse. Comme les journalistes de télé, quoi ! Comme Carla Bruni, mais dans des fonctions plus officielles encore ! Quand on y pense, c’est tout bénef ! Aujourd’hui, le politique qui veut espérer un destin national doit entamer illico une cure d’amaigrissement, passer chez le maquilleur, chez le chirurgien esthétique, il doit embaucher un coach sportif, se farcir des livres sur la façon de parler du peuple, il doit lire l’Equipe chaque matin, il doit savoir se servir d’un ordinateur et répondre à la question « savez-vous ce qu’est un blog ? », il doit faire oublier son origine sociale privilégiée, faire du skate board, du vélo avec Michel Drucker, du free-style, il doit jouer d’un instrument (non, pas du violon : de la basse), ce qui fait beaucoup pour quelqu’un d’habituellement pressé, reconnaissons-le. Et puis il y a la barrière du physique. La chirurgie ne peut pas tout : on n’a pas encore réussi à donner l’allure de Clint Eastwood à un sénateur type. C’est donc écrit : nous aurons bientôt des acteurs, des gravures de mode, des beaux gosses et de superbes amazones comme dirigeants politiques. Quand on répète à l’envi que les politiques n’ont plus de pouvoir, que « tout a été fait » contre le chômage, et que toutes les idées se valent, il ne faut pas s’attendre à une grande fidélité de la part des électeurs. Et devant le niveau du discours et du débat politiques, on se dit qu’un acteur, même parfaitement idiot, pourrait y tenir un rôle sans trop se forcer. Si la politique ne sert à rien, pourquoi voterait-on pour des moches ? A tout prendre, un canon à l’Elysée, ça serait bon pour l’image de la France ! Choisis pour leur maîtrise de l’apparence et leur docilité, ces acteurs auront à jouer un rôle (gagner une élection présidentielle, par exemple), et devront par contrat secret laisser quelques conseillers occultes faire le vrai travail. Imbattables devant une caméra, ces pantins feront l’admiration de la ménagère et du patron de PME, empocherons les suffrages et laisserons leur nom dans l’histoire. C’est juste l’étape suivante de ce que Ségolène Royale tente de faire. C’est ce que le show du Zénith vient d’annoncer. Lecteur opportuniste, cours acheter des actions dans le domaine de la chirurgie dentaire ! Le pouvoir se gagnera avec les dents.

Philippe Muray l’a dit en son temps bien MIEUX que moi, Ségolène, c’est la femme d’une seule mission : sourire.