vendredi 12 mars 2010

Shake ton Boutih !



En utilisant l’expression euphémistique de « diversité », en son sens actuel, ou celle de « minorité visible », on désigne les gens qui ne sont VISIBLEMENT pas conformes au corps social traditionnel et majoritaire de la France. En prenant ainsi des détours sémantiques pour adoucir le caractère brut de ce qu’on veut désigner, on distingue tout simplement les Blancs des « autres » (matez les guillemets), c'est-à-dire essentiellement des Noirs et des Arabes, et marginalement des Asiatiques. Si le sens de minorité visible parle de lui-même, celui de diversité indique forcément qu’au corps social initial qu’on présente comme homogène, viennent s’ajouter des éléments étrangers qui, additionnés au premier forment cette fameuse diversité. J’ai beau tourner dans ma tête ces éléments-là, je ne vois pas quel autre sens on peut leur donner.

La Halde est une institution abominable, non pas dans son principe, qui est de lutter contre une chose indigne, mais par ses productions, ses intentions et le niveau jamais atteint de sa bêtise collective. Qu’elle ait présenté le plus célèbre poème de Ronsard comme une vision donnant « une image somme toute négative des séniors » est une tâche indélébile qui se paiera un jour si la justice est encore de ce bas monde. Mais qu’on ne s’y trompe pas, et qu’on se garde de rire de cette sottise trop manifeste : en s'attaquant à Mignonne allons voir si la rose et son auteur, la Halde savait parfaitement qu’elle touchait un des symboles historiques de ce qui a fait la langue française, et son identité. Comme le flic qu’elle est, elle tentait un touché rectal au fondateur de la Pléiade pour vérifier si, sous le lustre de ses productions, le vieux poète ne cachait pas quelque monstre rappelant les zheures les plus zombres de notre hiztoire. Si ça ne dépendait que de moi, tu t’en doutes, lecteur familier, la Halde serait dissoute fissa et ses membres passés au goudron et aux plumes. La question de la personne qui préside donc cette haute autorité de mes fesses n’est pas de celles que je me pose le soir avant d’aller faire la bringue.

Gérard Longuet non plus. On le connaît depuis longtemps, Gérard, il n’est pas du genre à se poser des questions. Les animaux politiques tels que lui se posent plutôt des réponses, c’est ce qui les distingue du philosophe, leur assure des voitures de fonction toutes options et un revenu bien supérieur au sien. Chaque fois que Gérard Longuet exprime une opinion idiote, la plupart des gens de ce pays font comme s’ils n’avaient rien entendu. C’est la seule solution qu’on ait trouvée pour avoir un peu de repos, tant la sottise colle à la peau de ce reptile comme une mue éternellement renouvelée. Cette fois-ci, Gérard balance une salade sur la Halde en faisant comme si le sujet méritait qu’on y réfléchisse. Pour lui, la France devant tenir le rôle de l’accueillante, il reviendrait à un français « traditionnel » de présider l’asile de dingues. Un français traditionnellement blanc. Comme si la Halde était devenue le hall d’entrée de la France où l’on fait patienter (oh, à peine) les impétrants pendant qu’on passe vite fait l’aspirateur pour que tout ait l’air nickel ! Et pour bien montrer qu’on a décidé d’être méchant avec les discriminations, c’est un Grand Chef Blanc qui ouvrirait solennellement les réunions du club… Woputain !

Là où la chose devient vraiment drôle, comme chaque fois, c’est à l’entrée en scène du parti socialiste. On a dit beaucoup de mal de ce parti, on s’en est beaucoup moqué ces dernières années, mais il faut savoir être honnête et reconnaître ses erreurs : c’était insuffisant ! Le parti socialiste français (j’adore écrire ces trois mots, comme si je répétais une formule magique qui ouvre un monde de possibilités infinies, de surprises toujours plus étonnantes) trouve scandaleux qu’il puisse exister des français d’un type traditionnel. Il n’appelle pas explicitement à leur disparition pour la bonne raison qu’ils n’existent pas, mettez-vous ça dans le crâne ! Au lieu de débiner Longuet sur les conneries qu’il vient de dire, il s’offusque qu’on ait pu remarquer que Malek Boutih est arabe ! Mieux, il demande (certes, par la voix d’Harlem Desir) que Longuet s’excuse auprès de lui, comme si il lui avait fait une offense personnelle ! C’est auprès de la France toute entière qu’il devrait s’excuser, Longuet, si ce rôle n’était pas totalement phagocyté par Ségolène Royal ! Pour bien marquer que l’ultra gauche est plus à gauche que la gauche, Besancenot devait en sortir une plus énorme encore, il a eu ce mot, que je te laisse méditer, lecteur, toi qui a la malchance d’appartenir au corps social traditionnel: « Le 'corps français traditionnel', c'est quelque chose qui pue, c'est quelque chose qui ne sent pas bon ». Ça fait toujours plaisir à entendre.


Le credo offuscatoire du parti socialiste français (j’adore ce mot !) implique qu’on ne fasse jamais mention de l’origine d’une personnalité publique, sauf naturellement quand c’est pour lui donner une place de choix ou la désigner à l’admiration du cosmos. Bonne nouvelle, le Père de Tous les Paradoxes est français : c’est celui qui consiste à traiter de raciste un Longuet, parce qu'il introduit une distinction ethno raciale entre des personnes pressenties pour diriger une Haute Autorité dont c’est très exactement le métier ! La Halde épluche les statistiques et les témoignages pour montrer que des discriminations d’ordre ethno raciales existent. Comment le fait-elle, si ce n’est en s’enquerrant en permanence de la couleur de peau des individus ? Sur les 750 mecs qui viennent de se faire licencier des deux dernières boîtes de mécaniques de Saint-Chamond, par exemple, la Halde ne peut être intéressée que par ceux qui ne sont pas blancs de peau. Elle est faite pour ça, elle « discrimine » en permanence, elle fait un tri ethnique parce que ce sont ses statuts, sa raison d’être qui l’y obligent. Mais attention, pas question qu’on fasse la moindre remarque sur l’origine du futur président ! Le pire, dans l’histoire, c’est que Malek Boutih, qui a pris publiquement position contre les discriminations positives, est probablement le moins cinglé des réformeurs de monde qui grenouillent autour du pouvoir. Si Sarkozy pense à lui pour la Halde, c’est soit qu’il veut qu’elle arrête de déconner sur Ronsard, soit que Boutih s’apprête à changer de position sur beaucoup de points…

Si les personnages de Corneille (le tragédien, pas le baltringue) souffraient tant, c’est qu’ils devaient choisir entre suivre les commandements de l’honneur, écouter la raison, s’abandonner à l’amour ou respecter les liens familiaux, tout ça pour une même situation, évidemment. Nous autres, Français d’aujourd’hui, avons le choix entre les conneries de Longuet, les immondices de Besancenot, les tartufferies du partisocialistefrançais, les commentaires médiatiques des vedettes du rapslam et l’envie d’exil au Galápagos. Cornélien.