dimanche 20 mai 2012

Un jour, je tuerai.



Un jour, je tuerai. Un jour, à bout de patience, probablement après une attaque ordinaire, mais qui s’ajoutera d’une façon insupportable à toutes les précédentes, je ferai payer à quelqu’un ce que d’autres auraient mérité de payer avec lui. Oui, un jour, je tuerai de mes propres mains un de ces fumiers, un salopard qui aura salopé devant moi la langue française. Je donnerai à cet ignoble l’honneur de mourir pour un mot.

Je n’ai aucun doute sur la façon de m’y prendre, car une seule convient : je l’étranglerai. Je couperai la chique à ce bavard, je lui ôterai le souffle, je lui réduirai la voilure, je lui phagocyterai la pompe, je lui chierai dans le ventilo. Mes paluches se refermeront sur son cou de poulet et serreront, implacables, insensibles à la pitié, jusqu’à ce qu’il ferme définitivement sa gueule. Ce gosier de tous les barbarismes finira dans un gros couic.

Je lui ferai payer les espaces rencontre, les résidences étudiantes, les personnes en situation de handicap, les benchmarking, je lui ferai payer les engagements performance, les petits-déjeuners malins, les mousses coloration, les spectacles enfants, les exigences qualité, je lui ferai rendre gorge pour les managers réseau, pour les accès clients, la compétence béton, l’impact environnement, l’engagement distributeur, la filière bois, les codes couleurs, les concepts flagship, les branches proximité, le directeur groupe, je l’estourbirai en vengeance des opérateurs entreprises, des objectifs maintenance, des directeurs logistique, des suivis individuels de professionnalisation et de progrès. Il mourra pour les référents clientèle, les animateurs sécurité, l’insupportable info consommateurs.

Un jour, je perdrai le contrôle.
J’abandonnerai tout surmoi, j’ouvrirai les vannes de la haine retenue. Je démentirai le vivre-ensemble.
Un jour, enfin, je défendrai ma langue comme il se doit.