vendredi 28 juin 2013

LFQSTLARAFTEUC



Les films que si tu les aimes, rien à faire, t’es un con (LFQSTLARAFTEUC)


Il est hors de question de traiter ici la navrante catégorie des nanars. Les nanars ont la cote, non plus tant auprès du public qu’ils visent, mais chez les petits malins. On les rassemble sous blogs, on en fait des analyses, on se les refile, et c’est en connaisseur qu’on en apprécie les tares. Aimer les nanars, quand on est cinéphile, c’est faire beaucoup d’honneurs aux foirades. Un peu comme si on se ruait dans les mauvais restaurants, qu’on achète les disques de chanteuses qui chantent faux ou qu’on prenne par plaisir les autobus les plus bruyants, et qui tombent en panne au milieu du trajet. Le succès des nanars, c’est le mélange final du snobisme et du mauvais goût. Cette perversion porte un nom scientifique : le second degré.
Oh, au moins jusqu’à un certain point, on pourrait accepter le second degré, mais à la condition qu’il y en ait d’abord un premier. Or, dans un nanar, justement, le premier degré est toujours affligeant, lamentable, torpide. Et puis, on aime toujours le nanar pour se moquer de son auteur, voire de ses fans. Et c'est se moquer à bon compte : quel mérite y a-t-il à se foutre d'un film de poursuites en bagnoles et de coups de pieds, avec Nicolas Cage et Sandra Bullock en vedettes ?

Plus que tout autre argument contre les nanars, il y a celui-ci : notre temps est compté. La condition humaine étant ce qu’elle est, j’attends qu’on m’explique pourquoi certains dépensent des milliers d’heures de leur vie à regarder des films sordides en s’en moquant. On dirait des connards amusés de passer leur vie avec une femme laide et méchante, quand ils auraient le moyen d’en avoir une gentille et splendide.




Il est hors de question de citer ici des films simplement mauvais, ni même catastrophiques. Certains sont voués à la cagade dès leur conception, ils portent la nullité comme d’autres portent une légion d’honneur. C’est leur raison d’être, et ce qui les distingue du commun. S’il s’agissait de débiner des films mauvais de réalisateurs mauvais qui font ce qu’ils peuvent, on n’en sortirait plus. Et d’ailleurs, ce ne serait pas amusant (voir point précédent sur les amateurs de nanars).

Il est hors de question de traiter des films manifestement repoussants, tels ceux dont le titre comprend les termes suivants :
Vampires
Chevaliers
De ouf
Swords
Avortement
Donjon
Speed
Guerrières
Fight
Rebelle

Ces films-ci annoncent la couleur dès leur titre. Avec eux, pas moyens de se tromper, le pire claironne son arrivée comme la nuée porte l’orage. On peut risquer de les voir, mais on n’a plus le droit de s’en plaindre. Il faut leur reconnaître une certaine honnêteté. Ils sont au cinéma ce que les étiquettes d’ingrédients sont à la bouffe industrielle : il est écrit que l’huile de palme et les sucres gras y prolifèrent, n’allez donc pas y chercher du diététique !

Il est enfin hors de question de traiter des films interprétés par des acteurs irrémédiablement mauvais, ou qui ont le génie de choisir des films mauvais, la chose a déjà été faite, et bien faite.


Non ! Il s’agit de faire la liste des films épouvantables de réalisateurs reconnus, aimés, vénérés ou même géniaux. Il y en a, des brouettes pleines ! Des films de fausses gloires ou de grands hommes momentanément fourvoyés. Car rien n’est plus navrant qu’entendre des critiques se vautrer dans le dithyrambe parce que l’auteur d’une merde est un cinéaste réputé grand. Tout contrits, ils n’osent pas dire que le grantom s’est planté, ils justifient l’impossible, ils tournent autour du cercueil, ils balivernent dans le néant. Ici, pas de pitié, grand ou pas, dieu du cinéma ou pas, les costards seront taillés. Ici, n’entrez pas, hypocrites, bigots, vieux matagots…

Il s’agit des films ratés, qui n’ont pas fait mouche, qui ont visé trop haut, des films creux, vides, ou qui partaient d’une bonne idée mais l’ont oubliée en chemin, se sont perdus en couillonnade, des films étouffés par de mauvais acteurs, par des dialogues atroces ou une prétention boursouflée, des films de grands cinéastes tombés un instant de leur Olympe ou de cinéastes nuls adorés par des nuls, des films de commande, peut-être, ou massacrés au montage par des porcs, des films qui ont pris un coup de vieux terrible bien avant leur naissance. Il s’agit de films tout simplement insupportables mais qui peuvent au moins se vanter de ne pas avoir été faits par n’importe qui.

A tout seigneur, tout honneur


1- La maman et la putain (Jean Eustache 1973),
2- Van Gogh (Maurice Pialat 1991)
3- Marie-Antoinette (Sofia Coppola 2006)
4- Les espions (Henri-Georges Clouzot 1957)
5- Bob le flambeur (Jean-Pierre Melville 1956)
6- Pulsions (Brian de Palma 1980)
7- Do the right thing (Spike Lee 1989)
8- Jenny (Marcel Carné 1936)
9- Un linceul n'a pas de poche (Jean-Pierre Mocky 1974)
10- A nous la liberté (Jean Renoir 1931)
11- Hiroshima mon amour (Alain Resnais)
12- Husbands (John Cassavetes 1971)
13- Arizona dream (Emir Kusturiça 1993)
14- La tête contre les murs (Georges Franju 1959)
15- Saute ma ville (Chantal Ackerman 1968)
16- The gathering (Brian Gilbert 2001)
17- L’homme qui en savait trop (Alfred Hitchcock 1934)
18- Delicatessen (Jean-Pierre Jeunet 1991)
19- Les rivières pourpres(Mathieu Kassowitz 2000)
20- Le trésor de Cantenac (Sacha Guitry 1950)
21- Dans la brume électrique (Bertrand Tavernier 2009)
22- Justin de Marseille (Maurice Tourneur 1934)
23- Inglorious basterd (Quentin Tarantino 2009)
24- 1492 : Christophe Colomb (Ridley Scott 1992)
25- Highlander (Russel Mulcahy 1986)
26- Matrix (Frères Wachowski 1999)
27- Lord of war (Andrew Niccol 2005)
28- La tentation d’Isabelle (Jacques Doillon 1985)
29- Ronin (John Frankenheimer 1998)
30- Vicky Cristina Barcelona (Woody Allen 2008)
31- Se souvenir des belles choses (Zabou 2001)
32- Effroyables jardins (Jean Becker 2002)
33- L’affaire Thomas Crown (John Mc Tiernan 1999)
34- Cosmopolis (David Cronenberg 2012)
35- 36 quai des orfèvres (Olivier Marchal 2004)
36- Volte face (John Woo 1997)
37- Sailor et Lula (David Lynch 1990)
38– Légendes d'automne (Edward Zwick 1994)
39- L’imposteur (Julien Duvivier 1943)
40- La route (John Hillcoat 2009)
41– La crise est finie (Robert Siodmak 1934)
42- Burn after reading (Frères Coen 2008)
43- Le fouineur (Ettore Scola 1969)
44- Streamers (Robert Altman 1983)
45- Le mécano de "la Général" (Buster Keaton 1925)
46- Week end (Jean-Luc Godard 1967)