dimanche 2 juin 2013

La prison pour tous, dans le respect.




Najat Vallaud-Belkacem est ministresse des droits des femmes. A ce titre, dans le sillage de son action pour une égalité absolue entre filles et garçons dès l’école maternelle, elle vient de proposer une mesure qui la fera certainement entrer dans l’Histoire. Cette mesure se résume dans son intitulé : mixité et respect dans les prisons françaises. En visite à la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) avec sa collègue Taubira, elle a dévoilé les principes du changement de paradigme qu’elle compte mener à bien.


« Nous le savons, dès l’école maternelle, les filles et les garçons subissent le poids des stéréotypes sexistes véhiculés par les adultes. Les petites filles jouent entre elles, tournent autour d’élastiques, tandis que les petits garçons se battent pour conquérir une balle, jouent aux billes ou se roulent par terre. Ces comportements ne sont pas une fatalité. Ils sont induits par l’image d’eux-mêmes que la société impose aux tout petits. Moi-même, quand j’étais à l’école, j’aurais beaucoup aimé jouer au foot avec les gars. »
Émue par cette allusion à un trauma personnel, la ministresse rappelle qu’elle n’a pas hésité à couper ses cheveux (qu’elle porte dorénavant courts) pour lutter contre les stéréotypes.

« Il est de notre devoir d’instaurer l’égalité non seulement dans les textes, mais dans les faits. Et l’égalité, elle passera par la mixité. Quel est le contraire de la mixité ? C’est la discrimination, c’est le communautarisme, c’est l’exclusion et le ghetto. Excusez-moi, mais je dis les mots ! »

Prenant la parole devant un parterre de gardiens et de responsables de la prison iséroise, la ministre les a clairement engagés dans sa croisade : « La prison, votre prison, ne doit plus être un lieu d’exclusion. Il est tout à fait anormal que les hommes et les femmes de ce pays soient à la fois privés de liberté ET séparés les uns des autres. Mixité dans les prisons, cela signifie non seulement des bâtiments mixtes, mais aussi des réfectoires mixtes, des espaces de détente mixtes, des cellules mixtes et des douches mixtes. Quelle image d’elles-mêmes peuvent avoir des femmes à qui l’ont dit « non, cet endroit vous est interdit » ? Nous ne sommes plus au Moyen-Âge ! La mixité commence dès le plus jeune âge, et doit être une exigence républicaine. J’en appelle à la responsabilité de tous, à l’imagination de chacun. J’en appelle à la mixité des cœurs. »

Si les fonctionnaires présents ont reçu ces mots dans le plus grand calme, un tonnerre d’applaudissements venu des cellules a salué la déclaration de la ministresse, manifestement heureuse du succès de son projet. « Je n’aurais jamais cru que les prisonniers montrent une telle capacité de remise en question leurs habitudes. Je veux qu’ils sachent qu’ils sont un exemple pour le pays. »