dimanche 22 juin 2014

Le son du jour qui redonnerait une âme à la France hollandienne

Attention, voici l'un des plus beaux morceaux de soul music jamais enregistrés. Ouais. Donny Hathaway, 1972, album Live au dessus du lot, osmose avec le public parfaitement rendue, plages longues et chargées d'électricité humaine, african style. Musique de transe, répétitive, lancinante et inspirée, ça s'écoute à fond en relâchant le nœud de cravate. ça s'installe, ça tourne, ça se promène, ça monte légèrement, puis ça digresse autour d'un rythme, ça se fait de plus en plus vivant jusqu'au point culminant (9.50 environ), une joie parfaite en pleine communion avec les petits veinards présents ce jour-là. Une perfection soul. 
Il n'est pas possible de se dire gentleman sans avoir le Live d'Hathaway dans sa discothèque et dans son cœur. Album indispensable et d'une intense homogénéité. Sa reprise de You've got a friend est à faire pâlir Carole King, et celle de Jealous guy rendrait Lennon jaloux...

Donny Hathaway fut un météore dépressif qui ne survécut pas à la décennie 70. Il se suicida en janvier 1979, à 33 ans. Il a travaillé avec de nombreux artistes,  de Curtis Mayfield à Roberta Flack, en tant qu’auteur, compositeur ou arrangeur. En dépit de sa brève carrière et du statut écrasant d’un Stevie Wonder, il demeure un des plus importants musiciens soul, une voix qui n’a pas vraiment eu le temps de se faire entendre, mais qu’on ne peut oublier. 
Qu'on en  juge right now !...

 

samedi 14 juin 2014

Enfin sortir de la jungle



Tout le monde ne sait pas ce qu’est un straggler, mais tout le monde en a entendu parler. Les stragglers (traînards) sont ces soldats japonais qui ont continué la guerre bien après la capitulation du Japon. Ils étaient tellement isolés (sur des putains d’îles, dans des putains de jungles) que l’information ne leur était jamais parvenue. Ou, peut-être, étaient-ils tellement va-t-en-guerre qu’ils ont préféré continuer la baston, même sans adversaire… Toujours est-il que le dernier straggler a rendu les armes en 1974, trente ans après la fin de la guerre. Preuve éclatante que pour se battre, on n’a besoin ni d’ennemi, ni de danger. Du reste, des pourfendeurs d’ennemis disparus, imaginaires, ou crevés depuis des lustres, nous en connaissons beaucoup d’autres.

Il est des gens qui croient qu’il faut se battre pour contrer l’influence de l’Eglise. Il est des gens qui redoutent un putsch militaire à Paris. Il en est qui militent contre la peine de mort. Il en est qui défendent le droit des femmes à se promener sans sac à main. D’autres qui pensent devoir lutter pour garantir le droit des écoliers de ne pas porter la blouse. D’autres encore qui refusent tout net de chanter la Marseillaise ! D’autres qui pensent que parler grossièrement, écouter du rock ou tordre la bouche en regardant l’objectif sont des actes subversifs. D’autres encore, plus radicaux, qui luttent contre les nazis. On se demande où les gens vont chercher tout ça. On se demande surtout où ils étaient, dans quelle partie isolée du monde ils ont vécu ces cinquante dernière années. En tout cas, ils conservent intacte leur capacité à se battre, même après la disparition du dernier des moulins à vent. Les stragglers sont partout.

samedi 7 juin 2014

Le retour de la grosse chatte poilue


Vous voulez passer pour un immense connard ? Dites du mal de Gustave Courbet. Dites que vous n’aimez pas son œuvre, ou que vous vous chiez sur sa mémoire, ou que vous dites merde au réalisme en peinture. Pire encore : dites que « l’Origine du monde » n’est qu’une blague de potache poussée à son point de perfection. Alors là, si vous soutenez ça dans certains cercles éclairés, vous êtes sûr de recevoir pour votre anniversaire le T.shirt « je suis un sale nazi ».

L’Origine du monde est une œuvre totalement merdique, et ceci depuis 1866. La différence d’avec 1866, c’est que notre époque a tellement saturé l’espace public de chattes, que plus personne aujourd’hui ne peut être « interpellé » par la foufoune originelle. Ni interpellé, ni choqué, ni même excité. Aujourd’hui, Gustave, on a des chattes sur les paquets de lessive, ou presque ! Les chanteuses pour adolescentes nous la foutent sous le nez en rigolant ! Évidemment, on ne peut pas reprocher à Courbet de n’avoir pas deviné que 2014 exposerait l’entrecuisse de ces dames jusque sur les abribus. Le Gustave, il a fait une œuvre de commande carrément olé-olé, il est allé à l’essentiel pour un commanditaire désireux d’étoffer sa collection d’érotiques.