jeudi 29 janvier 2015

La grande frayeur du matamore



La grande frayeur du matamore, son obsession, c’est le réel. Clamer et déclamer restent toujours possibles, le matamore y trouve son rôle favori. Mais en son for intérieur, il craint de devoir passer à l’action.
La France a-t-elle un génie spécial sur ce point ? Sa nature favorise-t-elle l’apparition de ce type d’hommes ? Ce serait étonnant. Au moment propice, de nombreux pays voient naître un matamore en forme de ministre qui, toute glotte dehors, vient remplacer la sincérité par les décibels, le courage par le rodomont, l’intelligence par le gueulage, et qui fait passer aux yeux des benêts, l’incantation hurlée pour de la grandeur. Nous, nous avons Manuel Wallz.

vendredi 23 janvier 2015

L'autorité des têtes de cons



Notre bon Président semble redécouvrir l'autorité. Il va tenter de rétablir l'autorité dans les écoles, sous le gouvernail viril de Najat Vallaud-Belkacem, grande adversaire du mérite, qui considère que donner des notes est une pratique traumatisante, à mi-chemin entre l'empalement et le nazisme. Et il aura fallu que ce soit un président dit socialiste qui nous balance ça... Les têtes de cons sont de sortie, ils viennent nous expliquer, à nous, enfants de la déconstruction, que la jeunesse a besoin de repères.

Dans ses entretiens avec Giovanni Grazzini (parus en 1983 sous le titre Fellini par Fellini en France), Federico Fellini nous parle déjà de François Hollande et de ses maîtres à penser. Ceux-là mêmes qui sont et demeurent au pouvoir d'un gouvernement à l'autre, qui façonnent l'école et le rapport qu'on y entretient avec le savoir, et l'autorité qui lui est dû.

- " Avez-vous le sentiment que vous vous trouvez bien parmi les jeunes?

- Je ne sais pas qui ils sont, comment ils sont, je ne les connais pas, je ne sais pas où ils se tiennent, ce qu'ils font. On pourrait certes tenter de connaître tout cela, mais une nécessité de ce genre n'est-elle pas horrifiante ? Je me demande ce qui a bien pu se passer à un moment donné, quelle espèce de maléfice a pu frapper notre génération, pour que, soudainement, on ait commencé à regarder les jeunes comme les messagers d'on ne sait quelle vérité absolue. Les jeunes, les jeunes, les jeunes... On eût dit qu'ils venaient d'arriver dans des navires spatiaux... ils savent tout, pas la peine de leur dire quoi que ce soit, ne les troublons pas par notre ignorance, nos erreurs...

C'est peut-être l'envie de voir tout recommencer depuis le début et le sentiment d'avoir été vaincus par notre manque de confiance en nous-mêmes qui nous a poussés, sottement, à donner toutes les clés à des moutards qui, au surplus, ne savent pas du tout comment s'en servir. Ce qui s'est passé entre 1950 et 1970 est fascinant et terrible, quand les générations qui savaient ont cédé le pouvoir à ceux qui venaient juste de quitter leurs jeux d'enfants. Seul un délire collectif peut nous avoir fait considérer comme des maîtres, dépositaires de toutes les vérités, des garçons de quinze ans. Il se peut que ce soit à cause de notre lassitude de faux maîtres que, en présence des décombres de toutes les idéologies, il nous ait paru que nous ne devions plus tenter de nous manifester..."


vendredi 9 janvier 2015

La revanche des couilles



Ils ont massacré les gars de Charlie hebdo pour une seule raison : blasphème. Un châtiment pour avoir publié des caricatures de Mahomet. Que la représentation soit passée par cette forme de moquerie qu’on appelle caricature n’est pas forcément important, c’est le principe de la représentation de Mahomet qui est en jeu, caricatures ou pas. S’ils avaient publié une image de Mahomet en forme d’apologie, ils auraient été autant blasphémateurs aux yeux de leurs assassins.

Dès lors, il n’y a pas à tortiller. Les défileurs, les protestateurs, les allumeurs de bougie et les Je suis Charlie qui jurent qu’ils ne baisseront jamais les bras, qu’ils vaincront parce qu’ils sont les plus gentils, que la liberté ceci et que les droits de l’Homme cela doivent répondre à cette unique question : faut-il publier encore des images, drôles ou pas, irrévérencieuses ou pas, de Mahomet ? Dans l’avenir tel qu’on peut l’imaginer aujourd’hui, pensons-nous que des organes de presse, par exemple, iront publier de nouveau des images de Mahomet ? Un patron de presse prendra-t-il ce risque ? Si l’on répond non à cette question, les assassins ont gagné. C’est aussi binaire et simple que ça, et j’attends qu’on me démontre le contraire.

samedi 3 janvier 2015

Imbécile peut en cacher un autre



Qu’on me pardonne cette confidence personnelle : je suis fasciné par l’imbécillité. J’y consacre non seulement une partie de mon activité « professionnelle », mais aussi une partie de mes loisirs, de mon temps libre, de mes forces. Par les multiples formes qu’elle prend, l’imbécillité se révèle beaucoup plus riche que l’idiotie, assez monolithique dans sa brutalité. Quand on est idiot, quand on ne comprend rien, on est idiot tout simplement, sans ambiguïté, sans détours et sans rémission possible. « On ne naît pas plombier-zingueur, on le devient », a dit un grand philosophe. On naît idiot, et on le demeure, ajouterai-je modestement.

De son côté, l’imbécile peut exceller dans son art de multiples façons, dont la plus captivante (selon moi) est celle que la grande culture renforce. Il y a des imbéciles ordinaires, peu remarquables et peu différents en réalité d’un idiot quelque peu doué. Mais il existe une catégorie supérieure d’imbéciles, fortement dotés par la nature, capables et souvent conscients de l’être, intelligents au sens technique du terme, qui peuvent exceller dans leur domaine de compétence tout en crétinant dans les autres. Oui, quand l’idiot est à peine capable d’aligner deux mots cohérents, quand il patauge dans une syntaxe de gamer et trouve ses maîtres à penser parmi les présentateurs de jeux télévisés, l’imbécile, quant à lui, peut avoir fait Normale sup, il peut avoir un salaire annuel à six chiffres, il peut être ministre, philosophe, docteur en sciences ou grantartiste. Un ingénieur, quelle que soit sa spécialité, peut faire un imbécile de toute première catégorie. Quiconque a fait l’expérience de discuter avec des médecins, d’autre chose que de médecine, sera convaincu que l’imbécillité y recrute ses plus grandes figures. En somme, un imbécile ne manque pas forcément des moyens de comprendre, mais il se montre incapable de les employer pour cela. Il les utilise pour obtenir un diplôme ou faire une belle carrière, il en use pour échanger avec ses confrères ou écrire un livre sur sa spécialité, il dépense de la matière grise pour établir, par exemple, un protocole complexe pour envoyer une sonde dans le cul d’une planète invisible, mais cela ne lui sert pas à comprendre un peu finement le monde des humains.