mardi 25 avril 2017

Le macronisme atterrant


J’ai vécu.
J’ai connu le giscardisme, le mitterrandisme, les lendemains qui refusaient de chanter, le chiraquisme ventilatoire, le sarkozysme pétaradant, le hollandisme ectoplasmique. J’ai vu des ratages, j’ai vu des impasses.
J’ai vu Jean-Pierre Raffarin, et j’ai vu Edith Cresson.
J’ai été témoin de reniements, de boniments, et de ressassements de boniments. J’ai vécu le baratin et j’ai vécu l’embobinage. J’ai observé la sottise populaire, l’aveuglement et l’amnésie jouant ensemble en toute candeur.
J’ai vu les mêmes causes produisant sans cesse les mêmes effets, et les mêmes recettes produisant sans répit la même purée.
J’ai entendu les explications et les expertises, et les ai vues se désintégrer sur le front obtus de la réalité.
J’ai vu des enculages plus formidables que les colonnes d’Hercule.
J’ai vu les millions d’emplois nouveaux nous passer sous le nez, tandis que disparaissaient les millions d’emplois anciens. J’ai vu des absurdités reprises en chœur par des millions d’idiots. J’ai vu les alarmes des pessimistes ravalées au rang d'euphémismes tièdes. J’ai vu les entourloupes et les pantalonnades. J’ai vu les promesses n’engager et ravir et ensevelir que ceux qui y croyaient.
J’ai vu disparaître un pays.
Mais je n’avais encore jamais vu un peuple votant majoritairement pour un banquier, un énarque, un inconnu adorateur du Marché, multiculturaliste radicalisé, mondialiste forcené, libéral fanatique, européiste extrémiste et ami du CAC 40. Je n’avais jamais vu une nation aux cinq millions de chômeurs choisir dans l’allégresse de continuer sa route comme si de rien n’était.
Je n’avais jamais vu une jeunesse sacrifiée s’en remettre au fils de ses bourreaux.
Je n’avais jamais vu Emmanuel Macron Président de la République.
Je verrai peut-être cela dans quinze jours.
Je suis atterré.